Selemani Masiya résidait dans la ville de Nampula, province mozambicaine du même nom. Il a été assassiné ce jeudi (07.07) à l’intérieur de son appartement situé à quelques mètres d’une caserne militaire.
C’est vers 11 heures que son fils de 15 ans, qui rentrait de l’école, a trouvé le corps de son père étendu sur le sol, avec des signes d’extrême violence sur la tête et une blessure au cou.
Selon nos sources, Selemani Masiya, qui était autrefois un grand joueur de football, était réfugié depuis plus de dix ans au Mozambique, après avoir fui le Rwanda pour l’Afrique du Sud en profitant d’un match de football.
Au Mozambique, il avait obtenu le statut de réfugié et jouait au football dans des équipes locales de la ville de Nampula.
Ces dernières années, il vivait du soutien de ses compatriotes et n’exerçait pas une activité lucrative. Il se faisait cependant remarquer pour ses critiques à l’encontre des actuels dirigeants de Kigali.
Pour l’heure, on dispose de très peu d’informations, aussi bien sur les circonstances exactes que le mobile de ce crime.
La peur chez les réfugiés rwandais
L’intervention militaire rwandaise dans la région dévastée de Cabo Delgado au Mozambique, l’an dernier, a soulevé des préoccupations quant à la sécurité des réfugiés et des demandeurs d’asile rwandais vivant dans ce pays d’Afrique australe.
Révocat Karemangingo, ancien officier de l’armée rwandaise, a été tué par balle à Maputo l’an dernier. Les circonstances de sa mort sont restées floues. D’autres Rwandais ont signalé avoir fait l’objet de menaces au Mozambique.
Le pouvoir accusé
Ce n’est pas la première fois qu’un opposant rwandais trouve la mort à l’étranger. Camir Nkurunziza, réfugié en Afrique du Sud, a été tué en mai 2019 au Cap. Avant lui, Patrick Karegeya, ancien chef des services de renseignement extérieur du Rwanda et opposant au président Paul Kagame, avait été assassiné en 2014 dans sa chambre d’hôtel à Johannesburg.
L’ancien chef d’état-major de l’armée rwandaise, Kayumba Nyamwasa – qui s’est également exilé en Afrique du Sud – a quant à lui survécu à deux tentatives d’assassinat imputées à tort ou à raison au pouvoir de Kagame.
Plus récemment, le Rwanda a été accusé d’avoir enlevé l’opposant Paul Rusesabagina à Dubaï. Jugé pour terrorisme, Paul Rusesabagina, a été condamné à 25 ans de prison par un tribunal de Kigali. Le département d’État américain s’était dit « préoccupé par l’équité du verdict ».
Les ONG Amnesty International et Forbidden Stories rappellent que plus de 3.500 activistes, journalistes et politiciens – aussi bien au Rwanda qu’à l’étranger – ont été des cibles potentielles du logiciel espion Pegasus, du Groupe NSO, employé par les autorités rwandaises.
Le Rwanda n’a « besoin d’aucune leçon de qui que ce soit » sur les droits humains, avait pour sa part déclaré Paul Kagame, à l’issue d’un récent sommet du Commonwealth, en réponse aux nombreuses critiques.
DW