« On aurait dit la fin du monde », souffle Adelino Rodrigues, en évoquant les flammes qui se sont emparées de son village du centre du Portugal, pays où les incendies meurtriers de 2017 sont dans toutes les mémoires.
Casquette sur le front et chemise à carreaux, il s’inquiète désormais pour ses cinq hectares de vigne plantée à flanc de colline.
« C’est très triste… une vie entière à travailler pour ça. C’est désolant, je ne trouve pas les mots », confie-t-il, en observant une colonne de fumée épaisse qui se dégage d’un massif d’eucalyptus.
La région de Santarém devait enregistrer mercredi des températures de 46 degrés, les plus élevées du pays.
Dans le ciel enfumé, deux avions bombardiers d’eau et un hélicoptère poursuivent leur va et vient pour déverser de l’eau sur les points les plus chauds.
Au sol, des pompiers analysent la situation, talkies-walkies vissés sur l’oreille. Quelques mots échangés discrètement suggèrent que les véhicules à leur disposition manquent d’eau pour s’attaquer au brasier.
– Risques de feu multipliés par six –
Les images de pompiers et de villageois luttant contre les incendies sont devenues récurrentes au Portugal, un pays traumatisé par les feux de 2017, qui ont fait plus d’une centaine de morts.
Le pays compte un massif forestier étendu, représentant 36% de son territoire selon la Banque Mondiale, et planté pour un quart d’eucalyptus, un essence rentable pour la puissante industrie papetière du pays mais régulièrement pointée du doigt car elle est très inflammable.
« Nous vivons dans une région du monde où le changement climatique va systématiquement aggraver les conditions au cours des prochaines années », a insisté mardi le Premier ministre Antonio Costa.
« Les études indiquent que même si le monde arrivait à respecter les objectifs de l’accord de Paris », prévoyant une limitation du réchauffement planétaire à moins de 2°C au-dessus du niveau pré-industriel, et dans l’idéal à 1,5°C, « le risque de feux de forêt au Portugal serait quand même multiplié par six », a-t-il souligné.
Afin de renforcer la mobilisation des services de secours, qui peuvent compter au total sur un effectif de 13.000 personnes, le gouvernement portugais a décrété entre lundi et vendredi l' »état de contingence » qui accroît leurs pouvoirs.
Un autre incendie actif dans la région d’Aveiro, dans le nord du Portugal, a fait un mort, a-t-on appris mercredi auprès des services de secours.
« Les pompiers ont trouvé une victime carbonisée au milieu de la zone qui a brûlé » dans la nuit de mardi à mercredi dans la commune de Murtosa, a indiqué à l’AFP le commandant José Miranda, de l’Autorité nationale de protection civile, sans donner plus de détails.
D’après le journal Correio da Manha, il s’agirait d’une femme d’une cinquantaine d’années. L’incendie s’était déclaré dans un champ de maïs avant d’être rapidement maîtrisé.
Dans le centre, les incendies ravageant le district de Santarém, notamment dans les communes d’Ourém ou de Leiria, mobilisaient au total quelque 1.200 pompiers. Ces feux ont entraîné mardi soir l’évacuation de quelque 600 personnes à Ourém.
Interrompue jusqu’à l’aube à cause des flammes, la circulation a pu reprendre sur plusieurs axes routiers, dont l’autoroute A1 qui relie Lisbonne au nord du Portugal.
Depuis jeudi, les services de secours ont recensé une trentaine de blessés légers et au moins une douzaine de maisons endommagées par les flammes, selon un bilan provisoire fourni par la protection civile.
Deux autres brasiers se sont déclarés mercredi dans le sud du pays, notamment dans la très touristique région de l’Algarve.
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