Même si Bamako dit envisager une réunion avec les responsables de la Minusma pour discuter autour de la nouvelle forme qu’elle souhaite donner au mandat de l’organisation onusienne.
La suspension survient après la prolongation fin juin du mandat de la Minusma, malgré l' »opposition ferme » du Mali à la liberté de mouvement des Casques bleus pour des investigations liées aux droits de l’homme. Elle survient surtout après l’interpellation de 49 soldats ivoiriens par les autorités maliennes.
« Dissiper le climat de méfiance »
Moctar Sy du mouvement génération engagée, une organisation de la société civile malienne, estime que la présence de la Minusma est nécessaire, car le processus de stabilisation du pays n’est pas achevé. Celui-ci fonde ainsi beaucoup d’espoirs sur les prochaines discussions entre les autorités maliennes et les responsables de la mission de l’Onu.
« La rencontre annoncée par les autorités maliennes dans leur communiqué sera l’occasion pour les parties de faire le point et de dissiper le climat de méfiance qui existe entre elles depuis le début de la transition au Mali », explique Moctar Sy sur la DW.
Il ajoute qu’ « Il est important que ces actions soient coordonnées dans un cadre accepté par l’Etat du Mali et voulu par les Maliens. Parce que sans l’adhésion des populations maliennes, toutes ces opérations n’auront pas de sens, en tout cas ne pourront pas être efficaces ».
Pour Allaye Bocoum, leader de la Convention pour le Mali (CPM), la présence de la Minusma ne se justifierait plus au Mali, en raison selon lui de plusieurs manquements à la bonne exécution de leur mandat :
« Nos compatriotes au village ont plusieurs fois dénoncé la présence de la Minusma qui a pris parti souvent et qui a été averti en cas de menaces dangereuses, mais qui ne réagit pas. On a vu aussi la tentative de la Minusma de faire parler une société civile qui n’en était pas une lors du renouvellement de son mandat en juin dernier. On a vu également la Minusma qui a voulu ternir l’image de nos forces de défense et de sécurité à Moura à travers un rapport. »
Un retrait lourd de conséquences ?
Mais selon Abdina Karembé, président national des jeunes du parti ASMA CFP et membre du cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une transition réussie, la fin de la mission de l’Onu au Mali pourrait avoir de lourdes conséquences pour le pays :
« Dans les relations diplomatiques, cela ne fera que porter préjudice à nos relations avec nos voisins et le reste de la communauté internationale. Toute chose qui contribuerait à renforcer notre isolement diplomatique sur la scène internationale. D’autant plus que nous venons de sortir d’une crise liée notamment à l’embargo économique et financier de la Cédéao qui vient d’être levé. »
Le blogueur Abdoulaye Guindo de la plateforme Benbere ne pense pas que la suspension des rotations signifierait la fin de la mission onusienne au Mali. Mais il fait toutefois le lien entre Barkhane et Minusma dans la façon de procéder des autorités de transition.
Il explique sur la DW que « Les décisions qui sont en train d’être prises prennent un peu la forme du même schéma utilisé pour pousser Barkhane à la porte. Est-ce que c’est une façon de pousser également la Minusma à la porte ? On ne saurait le savoir maintenant. Il faut juste rappeler que le mandat de la Minusma vient d’être renouvelé il n’y a pas encore un mois. Est-ce qu’il est possible de pousser la Minusma à la sortie ? ».
L’Egypte a de son côté annoncé la suspension temporaire de la participation de ses soldats à la mission de l’Onu au Mali. Une décision qui prendra effet à partir du 15 Aout prochain pour une durée indéterminée.
dw