« La LONACI (Côte d’Ivoire) rapporte à l’État ivoirien près de 500 millions de dollars par an, la LONASE ( Sénégal) 220 millions de dollars, la LONABE ( Burkina Faso) 200 millions de dollars contre seulement … 30 millions de dollars pour la LONAGUI »
La chute du régime d’Alpha Condé n’aura finalement pas permis à ce mastodonte des jeux de paris sportifs de se soustraire aux ennuis et de sauver les meubles. Guinée Games, la première société de loterie de Guinée contre qui le régulateur a décidé d’agir pour « manque de transparence » et « violation de clauses contractuelles », va désormais voir ses services exploités par la Loterie nationale de Guinée (LONAGUI). Le régulateur a annoncé officiellement ce week-end qu’à partir du dimanche 14 août 2022, elle assure sur toute l’étendue du territoire national, la commercialisation de toutes les formes de loterie et pronostics en réseau physique de distribution, y compris celle des paris sportifs. Une nationalisation au goût amer.
Ainsi, ce qui ressemblait à une libération n’est en réalité qu’un sursis pour la société de paris sportifs Guinée Games dirigé par l’homme d’affaires Antonio Souaré. La décision de la LONAGUI en date du 21 juin 2021, sous l’administration précédente, notifiant à Guinée Games la cessation de son contrat de concession pour «violation des clauses contractuelles», a été remise à l’ordre du jour par le décret Présidentiel du 13 mai 2022 relatif au transfert à la LONAGUI des activités de jeux et paris physiques pour toutes les sociétés concessionnaires de cette délégation de service public. À la veille de la mise en application de cette décision des nouvelles autorités dont la date limite était le 13 août 2022, Guinée Games et d’autres sociétés comme la Guinéenne des Jeux ont vu leurs terminaux de paiement électronique tout simplement déconnectés du réseau par l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications de Guinée (ARPT).
Un énorme décalage avec la sous-région en termes de recettes
Si sous Alpha Condé beaucoup d’observateurs voyaient en la disgrâce d’Antonio Souaré une sorte de paranoïa du régime déchu sur l’éventualité que le PDG de SAM GBM nourrisse des ambitions politiques, le véritable fond du problème semble être d’ordre financier. Cela se confirme par la volonté des autorités de transition de faire d’un secteur aussi rentable que les jeux et paris, un puissant levier pour renflouer les caisses de l’État afin de financer les projets infrastructurels au cours de la transition. La direction générale de la LONAGUI a refusé de renouveler le contrat d’exploitation de Guinée Games accusant celle-ci de faire de fausses déclarations de revenus.
Faisant le parallèle avec les revenus des compagnies de loteries ivoiriennes, sénégalaises et Burkinabè, la LONACI (Côte d’Ivoire) rapporte à l’État ivoirien près de 500 millions de dollars par an, la LONASE ( Sénégal), 220 millions de dollars, la LONABE ( Burkina Faso) 200 millions de dollars contre seulement moins de 30 millions de dollars pour la LONAGUI » a regretté le Directeur général de la LONAGUI, dimanche 14 août 2022, sur le plateau de la télévision nationale. La reprise en main de Guinée Games qui devra toutefois prendre en compte un plan social aura essentiellement trois missions. Il sagit du maintien des emplois existants et la création de nouveaux emplois pour les jeunes et les femmes de l’ensemble des communes et communautés rurales de la Guinée ; la redistribution correcte des gains des jeux et paris aux parieurs et joueurs ; et l’accroissement de la part des recettes versée au trésor public.
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