Salma al-Shehab bient d’écoper de 34 années de prison pour avoir retweeté une publication portant sur les droits des femmes.
En Arabie Saoudite, une femme vient d’être condamnée en appel à 34 ans de prison pour avoir tweeté. Salma al-Shehab est une étudiante de l’université de Leeds au Royaume-Uni qui est revenue dans le pays pour des vacances. En janvier 2021, à la fin de son séjour, elle a été arrêtée pour “trouble à l’ordre public et déstabilisation de la sécurité et de l’ordre de l’état.”
Sur le réseau social, elle a partagé des publications en faveur de la libération d’une prisonnière politique. La jeune femme avait aussi milité sur Twitter pour le droit des femmes à conduire. Elle avait d’abord été condamnée à six années de prison avant que sa peine ne soit revue à la hausse en appel.
Selon une traduction des archives judiciaires, consultée par The Guardian, elle “aidait ceux qui cherchent à provoquer des troubles publics (…) en suivant leurs comptes sur Twitter” et en repartageant certaines de leurs publications. The Washington Post, qui rapporte cette affaire, indique qu’il s’agit là “d’un nouvel aperçu des dessous brutaux de la dictature saoudienne sous le prince héritier et chef d’État Mohammed bin Salman.”
Pourtant, Salma al-Shehab n’est pas une militante de premier plan, elle est suivie par un peu plus de 2000 personnes sur Twitter. Elle utilisait aussi son compte pour partager son ressenti sur la crise sanitaire et le confinement.
La peine la plus longue pour une militante
Selon Freedom Initiative, une organisation non-gouvernementale, il s’agit de la peine la plus longue jamais appliquée à une activiste. Et son cas ne serait pas isolé. Lors de sa visite le mois dernier, le président Joe Biden a noté “une hausse des cas de préoccupation concernant les droits de l’homme.” Il mentionne entre autres le “meurtre flagrant de Jamal Khashoggi”. Ce journaliste saoudien a été assassiné le 2 octobre 2018 au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul. Il s’était vivement opposé à l’intervention des forces armées saoudienne au Yémen et était particulièrement actif sur Twitter.
Les organisations de défense des droits humains craignent que le royaume n’intensifie sa répression au cours des prochains mois contre les opposants au régime et les militants. Pour The Gardian, l’affaire de Salma al-Shehab est “la dernière illustration en date de la manière dont le prince héritier cible les utilisateurs de Twitter dans sa campagne de répression, en profitant de son actionnariat indirect majeur dans le réseau social américain via le fond souverain saoudien.”
Pour l’instant, Twitter n’a pas répondu aux sollicitations des médias. Rappelons que le réseau social est détenu à 5 % par un milliardaire saoudien prénommé Alwaleed bin Talal.
Courrier International