Au Royaume-Uni, chaleur et sécheresse provoquent un « faux automne »

Au lieu d’un vert éclatant, de nombreux jardins, parcs et bois arborent des teintes du jaune au brun. Les feuilles s’amoncellent aux pieds des arbres.

Le Royaume-Uni est entré dans un « faux automne » après un été chaud et sec.

L’effet de près d’un an de précipitations historiquement faibles, aggravé par un mois de juillet marqué par des températures record, est très frappant dans les rues anglaises, y compris dans les rues de Londres qui se couvrent en plein mois d’août de feuilles mortes.

« En raison de la canicule, nous vivons ce que l’on appelle un +faux automne+. Les feuilles changent de couleur et tombent au sol prématurément alors que les arbres passent en mode de survie en raison de la sécheresse », a tweeté cette semaine, photo à l’appui, le Horniman Museum and Gardens, un musée et parc situé dans le sud de Londres.

Cette chute précoce est due au fait que les arbres perdent leurs feuilles pour essayer de retenir l’humidité.

Si des arbres anciens aux racines profondes peuvent résister à cet épisode, les plus jeunes sont davantage vulnérables.

« Les arbres sécrètent des hormones qu’ils utilisent en automne pour se rétracter et assurer leur survie », a expliqué Rosie Walker, de l’association caritative Woodland Trust. « Ils continueront comme ça pendant quelques années, mais cela va commencer à avoir des répercussions sur nos arbres si nous ne faisons pas très attention », a-t-elle déclaré à la BBC.

Les températures ont dépassé les 40 degrés pour la première fois au Royaume-Uni en juillet, mois le plus sec jamais enregistré dans de nombreuses régions du sud et de l’est de l’Angleterre. Avant, hiver et printemps ont été les moins pluvieux depuis la sécheresse de 1976.

– Faune « pas adaptée » –

La situation, attribuée au changement climatique, a poussé les autorités à interdire l’utilisation de tuyaux d’arrosage pour économiser l’eau dans certaines régions.

A l’image de la plupart des jardins de la capitale, au parc de Kensington, qui forme avec Hyde Park l’un des grands « poumons verts » de Londres, les feuilles mortes crissent sous les pas des touristes, tandis que les oies, canards et autres volatiles picorent une herbe à l’aspect de paillasson usé.

Dans les bosquets, des fruits sont apparus plus tôt que prévus, comme les mûres sauvages, habituellement prêtes à être dégustées à l’automne mais dont certaines étaient déjà mûres fin juin, rapporte le Woodland Trust.

D’autres baies et noix ont mûri prématurément, et risquent en conséquence d’être épuisées plus tôt, laissant certains animaux comme les loirs sans garde-manger suffisant cet automne.

« La crise climatique entraîne avec elle des conditions météorologiques saisonnières auxquelles notre faune n’est tout simplement pas adaptée », a souligné Steve Hussey, du Devon Wildlife Trust, dans le sud-ouest de l’Angleterre.

« Notre long et chaud été et le +faux automne+ auront des répercussions sur de nombreuses espèces jusqu’aux vrais mois d’automne et au-delà », a-t-il averti.

De son côté, Leigh Hunt, conseiller à la Société royale d’horticulture, relève qu’une situation analogue s’était produite lors de longs épisodes de sécheresse en 2006-2007 et juste avant la pandémie de Covid-19.« C’est particulièrement sévère cette année », a-t-il déclaré mercredi à l’antenne de Times Radio. « Mais ce que je remarque, c’est que ces événements semblent se produire plus fréquemment ».

« C’est cohérent avec le changement climatique: des étés plus chauds et plus secs, et des pluies plus irrégulières », a observé M. Leigh.

Et « cela se passe beaucoup plus vite que lors des précédentes générations », a-t-il ajouté, prédisant que ces conditions météorologiques finiraient par modifier les paysages du Royaume-Uni, des jardins aux parcs en passant par les bois.

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