ROYAUME-UNI: LES PETITES ENTREPRISES ET COMMERCES PEINENT À SURVIVRE FACE À LA FLAMBÉE DES TARIFS DE L’ÉNERGIE

An open cash register containing coins and notes of mixed denominations is pictured in a convenience store in London on October 7, 2016. The Bank of England is "looking into" what caused the pound to slump more than six percent against the dollar in less than ten minutes Friday, a spokesman told AFP. / AFP PHOTO / JUSTIN TALLIS

Au Royaume-Uni, les caisses enregistreuses des commerçants sont de moins en moins garnies de pièces et billets. (image d’illustration) – Justin Tallis – AFP

Outre-Manche, les petites entreprises sont frappées de plein fouet par la hausse du coût de l’énergie. Une augmentation des charges considérable qui oblige certains chefs d’entreprise britanniques à prendre des mesures drastiques.

Décaler sa production aux heures creuses, fermer son magasin une partie de la semaine, installer des panneaux solaires sur le toit… Pour s’en sortir financièrement, les petits entrepreneurs britanniques doivent redoubler d’effort pour faire baisser leurs factures de gaz et d’électricité.

Déjà confrontés au ralentissement de la croissance et à l’accélération de l’inflation, les petits commerces apparaissent particulièrement vulnérables face à l’explosion des tarifs de l’énergie. Les prix de l’énergie au Royaume-Uni se négocient en effet à des niveaux plus de 10 fois supérieurs à la moyenne saisonnière des cinq dernières années, rapporte Bloomberg. Quant à l’inflation, elle a déjà atteint 10,1% sur un an, en juillet, son niveau le plus haut depuis 40 ans dans le pays. La banque d’Angleterre prévoit une accélération de cet indicateur à 13% en octobre et une entrée en récession à partir de la fin de l’année.

Une explosion du montant des factures d’énergie

Face à ces hausses tarifaires, de nombreuses entreprises britanniques peinent en effet à survivre et s’inquiètent de plus de plus de leur avenir, lorsqu’elles n’ont pas déjà été contraintes à la fermeture. Comme le restaurant de Marco Di Rienzo, situé dans le Yorkshire, qui n’a pas résisté, cinq ans après son ouverture, aux 2000 livres mensuelles (soit 2373 euros environ) de charges en énergie.

De son côté, Lisa-Jane Fraser, une Britannique à la tête d’une entreprise de mariage et de restauration, a raconté à Bloomberg avoir vu sa facture énergétique plus que doubler en mars dernier, pour atteindre 3800 livres (soit environ 4518 euros). Mark Hidgcock, quant à lui, qui a repris la quincaillerie, fondée par son père dans les Midlands il y a 34 ans, ne sait pas non plus combien de temps il pourra tenir.

Selon ses estimations, sa facture d’énergie pourrait s’élever à 21.000 livres sur douze mois. C’est six fois plus qu’aujourd’hui. D’après Latif Faiyaz, responsable du commerce chez le distributeur de gaz Northern Gas and Power, certains clients ont vu le montant de leur facture multiplié par neuf.

Pas de plafond tarifaire et des contrats renégociés

Mais les choses pourraient encore se gâter d’ici la fin de l’année. Avec la fin de son contrat forfaitaire et la négociation d’un nouveau contrat en octobre prochain, Lisa-Jane Fraser craint de voir sa note mensuelle énergétique grimper à 7000 livres (soit environ 8322 euros) en novembre. Sa facture d’énergie devrait, si ses prévisions sont exactes, dépasser son paiement hypothécaire. Selon le cabinet de conseil BFY Group, interrogé par l’agence de presse, environ 20% des entreprises britanniques, comme celle de Lisa-Jane Fraser doivent renouveler leurs contrats énergétiques en octobre. Or les fournisseurs tentent de se délester de ces contrats forfaitaires qui représentent un risque pour leur propre bilan.

Par ailleurs, contrairement aux ménages britanniques, les entreprises ne bénéficient pas du plafond tarifaire calculé tous les trois mois par le régulateur de l’énergie Ofgem. Elles sont donc pleinement exposées aux flambées tarifaires. D’autant plus lorsqu’elles ne sont pas liées à leur fournisseur par un contrat forfaitaire.

Des outils d’économies recherchés

Face à cette explosion des coûts du gaz et de l’électricité, ces entrepreneurs doivent trouver des moyens d’abaisser un peu leur facture, notamment en repensant leur activité. Lisa-Jane Fraser prévoit ainsi de fermer son restaurant les mercredis et potentiellement les jeudis, des journées pendant lesquelles les clients se font habituellement plus rares. Elle va également se lancer dans une activité supplémentaire de vente en gros de desserts et de plats cuisinés. Pour ce faire, elle programmera des fours de cuisson entre minuit et 5h du matin, des heures creuses où les tarifs de l’énergie sont plus bas.

Mais ces petites entreprises se tournent aussi, lorsqu’elles le peuvent, vers d’autres sources d’énergie, moins coûteuses. Lisa-Jane Fraser obtient une partie de son énergie grâce à une pompe à chaleur géothermique et des panneaux solaires notamment. De nombreuses entreprises qui peuvent se permettre de le faire essaient de doter leurs bâtiments de panneaux solaires en raison des économies que ces installations génèrent, a confirmé Latif Faiyaz à Bloomberg.

« Comment peut-on gérer une entreprise sans savoir à combien vont s’élever ses coûts fixes? « , a interrogé Lisa-Jane Fraser, avant de plaider pour un « soutien financier ». Le « cocktail toxique » de la hausse des impôts, des coûts de l’énergie, de l’inflation et de la contraction de la croissance économique, nécessite une action immédiate, a prévenu le président national de la Fédération britannique des petites entreprises Martin McTague repris par le Daily Mail. Et d’ajouter: « la crise du coût de la vie ne peut être résolue sans s’attaquer à la crise du coût des affaires ».

bfmtv

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