L’attente pour obtenir un visa de visiteur ou un permis de travail bat actuellement des records au Canada. Les services de l’immigration du Canada accusent d’énormes retards dans la délivrance de visas et permis de travail aux citoyens étrangers. Selon la presse canadienne, l’attente n’a jamais été aussi longue. Les ressortissants de 147 pays ont besoin d’un visa de visiteur pour le Canada. Les délais de traitement s’élèvent en moyenne à 58 jours et peuvent actuellement s’étirer jusqu’à cinq mois selon la nationalité du demandeur. D’après le quotidien Le Devoir, les autorités canadiennes auraient également négligé et abandonné les demandes de visas présentées durant la pandémie de coronavirus, sans alternative de remboursement.
Jusqu’à 5 mois d’attente pour obtenir un visa de visiteur
Selon les données recueillies par Le Devoir, basée sur l’estimation publiée par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), les délais de traitement du visa de visiteur sont de plus de deux mois pour 105 pays, soit la majorité des nations étrangères. Toutefois, dans certaines régions, les retards administratifs sont considérables. Le temps d’attente est notamment de 219 jours pour l’Arabie saoudite, qui se place au sommet des pires délais. Les délais actuels seraient en partie influencés par l’abandon discret d’un grand nombre de demandes de visa de visiteur présentées en 2021. En effet, les retards entraînés par la crise sanitaire seraient impossibles à rattraper et les missions diplomatiques invitent les demandeurs à déposer une nouvelle demande, sans remboursement. Pour faire face à ce chaos, les autorités canadiennes promettent de s’efforcer de réduire les délais de traitement du visa de visiteur. Le ministère de l’Immigration prévoit notamment d’embaucher de 500 fonctionnaires supplémentaires et d’introduire un système de demande électronique.
Un délai jugé inacceptable pour le traitement des visas
Stéphanie Valois, présidente de l’Association des avocats et avocates en droit de l’immigration (AQAADI), a déclaré : « Plus de trois ou quatre mois d’attente pour un visa de visiteur, c’est inacceptable. » Selon Benjamin Brunot, avocat spécialisé en immigration, « d’autres pays arrivent à délivrer [leurs visas] en une semaine. C’est de cet ordre de grandeur qu’on parle ». Il ajoute que ces retards ne datent pas de la pandémie mais que « la COVID-19 a amplifié un chaos, une non-efficacité qui existe depuis des années. » Conséquence de ce mécontentement, les ambassades reçoivent un nombre croissant de plaintes déposées par les citoyens étrangers dont la demande n’a toujours pas été traitée après des mois d’attente. Cependant, le ministère de l’Immigration est le seul responsable du traitement des dossiers de demande de visa.
La délivrance des permis de travail également à la traîne.
Les retards ne touchent pas uniquement le visa de visiteur. L’attente pour obtenir un permis de travail temporaire pour le Canada bat également des records. Les délais de traitement peuvent même atteindre plus d’un an pour les demandeurs de certains pays. Tout comme pour le visa de visiteur, il existe une importante disparité entre différentes régions du monde. « Oui, il y a le volume. Mais généralement, ce qu’on constate dans le quotidien, c’est que quand on vient d’un pays riche et blanc, ça va plus vite », s’indigne Benjamin Brunot.
En effet, selon l’enquête menée par Le Devoir, les demandeurs en provenance du golfe Persique font face à une attente particulièrement longue. IRCC a reconnu prendre entre 58 et 79 semaines pour traiter les demandes des travailleurs des pays comme le Qatar, les Émirats arabes unis, Oman, Bahreïn et le Koweït. Une dizaine d’autres nationalités doivent aussi attendre généralement plus de 6 mois pour recevoir leur permis de travail canadien. Nancy Caron, porte-parole du ministère, a indiqué : « Nous savons que plusieurs demandeurs connaissent des temps d’attente considérables pour le traitement de leur demande. Nous continuons à faire tout notre possible pour réduire les délais. »
Un impact colossal sur les entreprises canadiennes
De nombreuses entreprises dépendent des travailleurs étrangers et la situation actuelle nuit à leurs activités. Plusieurs employeurs peinent à trouver la main-d’œuvre nécessaire, notamment en raison des retards dans la délivrance des permis de travail, et certains doivent se résoudre à réduire leurs services. Selon Patrice Brunet, avocat spécialisé en immigration d’affaires, l’une des conséquences du temps d’attente pour l’obtention des visas est la perte de compétitivité des entreprises canadiennes à l’échelle internationale.
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