Macron reviendra à Alger, après sa visite à Oran, signer « une déclaration commune »

French President Emmanuel Macron speaks to the press after a visit to the European Saint-Eugene Cemetery in Algiers on August 26, 2022. - The French president is on a three-day visit to Algeria aimed at mending ties with the former French colony, which this year marks its 60th anniversary of independence. (Photo by Ludovic MARIN / AFP)

Le président français Emmanuel Macron a prôné vendredi un « partenariat renouvelé » fondé sur la jeunesse, la diaspora et l’innovation pour relancer « l’histoire d’amour » qui lie la France à l’Algérie, au deuxième jour de sa visite officielle dans ce pays. Devant la communauté française à Alger, il a annoncé par surprise qu’il reviendrait après Oran dans la capitale samedi pour « signer une déclaration commune » avec son homologue Abdelmajid Tebboune. Il s’agira, selon l’Elysée, d’un « partenariat renouvelé, concret et ambitieux ».

Avec l’Algérie, c’est « une histoire qui n’a jamais été simple. Mais qui est et restera, parce que nous le voulons, une histoire de respect, d’amitié et, oserais-je le dire, d’amour », a dit Emmanuel Macron, en décrivant un partenariat élaboré « dans l’enthousiasme du moment », lors de multiples entrevues jeudi avec Abdelamadij Tebboune et ses ministres.

Après la guerre d’Algérie, la politique de l’oubli
Il s’agira d’« un partenariat nouveau pour et par la jeunesse », a anticipé le président français, annonçant d’ores et déjà l’acceptation de 8 000 étudiants algériens de plus cette année en France, qui rejoindront un contingent annuel de 30 000 jeunes.

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Outre le dossier mémoriel autour de la colonisation française de l’Algérie (1830-1962), cette question a empoisonné la relation bilatérale quand Paris a décidé à l’automne 2021 de diviser par deux le nombre de visas octroyés en Algérie, jugée pas assez prompte à réadmettre ses ressortissants expulsés de France.

« Sans tabous » et sans excuses
Emmanuel Macron a dit avoir discuté avec Abdelmadjid Tebboune de ce problème « jusqu’au milieu de la nuit ». Tous deux ont appelé leurs ministres à faire avancer la question « dans les prochaines semaines ».

Il s’agira de lutter contre l’immigration clandestine mais tout en assouplissant les procédures pour « les familles de binationaux, les artistes, les sportifs, les entrepreneurs et politiques qui nourrissent la relation bilatérale ».

Paris veut aider à « la formation de la jeunesse » algérienne, une « chance » pour les deux pays, avec l’implantation d’une école 42, un cursus de codage ouvert aux non-diplomés existant en France.

En matinée, après avoir visité le cimetière européen Saint-Eugène, le principal d’Alger au temps de la colonisation, Emmanuel Macron avait surtout abordé le délicat dossier mémoriel, à l’origine d’une grave brouille à l’automne avec Alger.

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En scellant la réconciliation bilatérale jeudi, Emmanuel Macron avait annoncé la création d’une commission mixte d’historiens « pour regarder ensemble cette période historique » du début de la colonisation jusqu’à la fin de la guerre d’indépendance, « sans tabous ».

Pas question toutefois pour la France de présenter des excuses pourtant attendues en Algérie, a réitéré Emmanuel Macron.

« J’entends souvent que, sur la question mémorielle, nous sommes sommés en permanence de choisir entre la fierté et la repentance. Moi, je veux la vérité, la reconnaissance (car) sinon on n’avancera jamais », a-t-il dit vendredi.

Du gaz pour les pays européens
Appelé avant sa venue à « ne pas occulter » à Alger la « dégradation des droits humains dans le pays », Emmanuel Macron a assuré avoir abordé le sujet avec le président Tebboune « avec beaucoup de liberté ».

A propos du gaz algérien qui suscite toutes les convoitises, Emmanuel Macron s’est défendu d’être « allé à Canossa », c’est-à-dire d’en avoir quémandé à l’Algérie, soulignant le faible poids du gaz dans le mix énergétique français (environ 20%).

Il a « remercié l’Algérie » d’avoir accru ses livraisons via le gazoduc Transmed à l’Italie, permettant d’« améliorer la diversification de l’Europe », auparavant trop dépendante du gaz russe.

Réunion de coordination sur la sécurité inédite
Il a également plaidé pour « renforcer le partenariat avec l’Algérie » dans la lutte contre la menace jihadiste au Sahel, notamment pour « éviter que des mercenaires puissent fleurir dans la région, en particulier ceux de Wagner ». Ce groupe privé russe est actif au Mali dont l’armée française s’est récemment retirée. La Russie est un allié traditionnel de l’Algérie à laquelle elle fournit l’essentiel de son armement.

Dans un contexte régional tendu, Macron et Tebboune ont présidé vendredi une réunion inédite des responsables des services de sécurité des deux pays, a indiqué la présidence algérienne.

Cette « réunion de coordination » à laquelle participaient le chef d’état-major algérien Saïd Chanegriha, son homologue français Thierry Burkhard, le ministre des Armées français Sébastien Lecornu et les dirigeants des principaux organismes de sécurité, était « la première à ce niveau depuis l’indépendance », a précisé Alger.

Le président français Emmanuel Macron a rencontré vendredi à Alger des jeunes entrepreneurs et d’autres issus du milieu associatif. Après s’être rendu à la grande mosquée d’Alger en soirée, le président est parti pour Oran, ville de l’ouest connue pour sa liberté d’esprit et sa créativité. A son arrivée, il a dîné avec l’écrivain Kamel Daoud et d’autres personnalités oranaises. Ce samedi, il se rendra d’abord au port et à la chapelle de Santa Cruz sur les hauteurs d’Oran, qui offrent une vue plongeante sur la baie de la deuxième ville d’Algérie, baignée par la Méditerranée.

Il ira ensuite dans le magasin du label Disco Maghreb, emblématique du raï, puis ira à la rencontre de jeunes et de sportifs lors d’une démonstration de breakdance.

rfi

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