La France met fin à sa politique de restriction de visas pour les Tunisiens

A Tunisian man leaves the offices of TLScontact, a company that works with governments from around the world to provide visa and consular services, after applying for a visa for France, in the capital Tunis, on September 29, 2021. - France yesterday said it would sharply reduce the number of visas granted to people from Algeria, Morocco and Tunisia, accusing the former French colonies of not doing enough to allow illegal immigrants to return. (Photo by FETHI BELAID / AFP)

Le dossier sensible empoisonne les relations entre la France et les pays du Maghreb depuis près d’un an : la délivrance des visas. En Tunisie, l’heure est à la détente. Paris a annoncé le 31 août le retour à la normale des procédures d’octroi de visas avec le pays de douze millions d’habitants. Cette mesure a été décidée avec «effet immédiat», ont écrit dans un communiqué les ministres tunisien et français de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine et Gérald Darmanin, après leur entretien téléphonique.

En septembre 2021, la France avait décidé de durcir les conditions d’obtention des visas à l’égard de la Tunisie, du Maroc et de l’Algérie, qui rechignaient à reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière sur le territoire français en «refusant» de délivrer des laissez-passer consulaires. Paris avait annoncé réduire de 50% le nombre de visas accordés aux ressortissants algériens et marocains et de 30% aux Tunisiens, sur la base des chiffres de l’année précédente. Les trois Etats avaient dénoncé une décision unilatérale de la France. Entre janvier et juillet 2021, soit juste avant cette annonce, 9 140 visas avaient été accordés aux ressortissants tunisiens sur 12 921 demandés, soit un taux de délivrance de 71% (74% pour l’Algérie, 77% pour le Maroc).

Un an plus tard, Paris et Tunis se sont «félicités» de la dynamique en cours sur la coopération migratoire et de mobilité entre les deux pays. Le ministère français de l’Intérieur justifie cet assouplissement par le fait que la Tunisie est le premier des trois pays à avoir levé les tests sanitaires demandés pour pouvoir entrer sur le territoire, selon l’AFP.

«Plus souple» sur l’immigration «choisie»
Aucune annonce n’a en revanche été faite en faveur des ressortissants algériens et marocains. L’épineuse question a pourtant été abordée plusieurs fois durant la visite officielle d’Emmanuel Macron en Algérie, du 25 au 27 août. Interrogé sur le sujet, le chef de l’Etat français avait déclaré vouloir être «plus efficace» dans la lutte contre l’immigration clandestine tout en étant «plus souple» sur l’immigration «choisie». Selon l’Elysée, 75 000 visas ont été délivrés par la France aux ressortissants algériens sur les sept premiers mois de 2022 – avec une priorité donnée aux étudiants, entrepreneurs, hommes d’affaires, artistes et sportifs – soit un taux de délivrance d’environ 50%. Dans les rues d’Oran, la deuxième ville du pays, de nombreux Algériens expliquaient récemment à Libération que leurs demandes de visa pour la France étaient toutes restées lettres mortes.

Depuis le 18 août, l’ambassade d’Algérie en France a pourtant elle aussi fait savoir qu’Alger retirait la condition d’un test PCR préalable pour les ressortissants algériens dotés d’un laissez-passer consulaire. «On considère que ça va encore fluidifier la qualité des échanges avec les autorités algériennes», estime une source élyséenne qui tient à préciser que ces restrictions n’ont pas «vocation à se pérenniser dans le temps».

Les relations sont néanmoins plus tendues avec le Maroc, qui a suspendu brusquement, mardi soir, le laissez-passer consulaire permettant l’expulsion de l’imam Hassan Iquioussen, accusé d’incitation à la haine, du territoire français. Une décision qui, selon les médias marocains, pourrait être liée au «manque de clarté» de la France sur le dossier du Sahara occidental mais aussi aux restrictions de réduire le nombre de visas accordés aux Marocains.

liberation

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