L’exploitation des champs gaziers du projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA), prévue au dernier trimestre de 2023, va permettre d’approvisionner en gaz le marché européen, a indiqué le secrétaire général adjoint du Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (Cos-Petrogaz) au Sénégal, Mamadou Fall Kane, également conseiller du Président de la République pour les questions énergétiques.
‘’Nos réserves estimées à 900 milliards de mètres cubes permettront de desservir le marché européen, qui veut sortir de la dépendance du gaz russe’’, a souligné M. Kane dans entretien au quotidien français “L’Opinion”, et relayé vendredi par des médias locaux .
Le projet Grande Tortue Ahmeyim (GTA) est basé sur le développement de deux champs de gaz offshore à savoir Tortue et Ahmeyim, à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie. L’exploitation du projet GTA va générer environ 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an, entre 2023 et 2027, ensuite 5 millions de tonnes par an jusqu’en 2030, puis 10 millions de tonnes par an au-delà de 2030, a-t-il révélé.
Mamadou Fall Kane, conseiller du président de la République pour les questions énergétiques, invite les Européens à ‘’réinvestir dans les terminaux de regazéification’’. C’est important dans la mesure où ‘’nous avons la possibilité de faire de la liquéfaction à partir d’installations flottantes de gaz naturel liquéfié’’, a-t-il lancé. M. Kane a souligné aussi l’‘’intérêt’’ manifesté par le Maroc de se ravitailler en gaz au Sénégal. Il existe, par ailleurs, un projet de gazoduc entre le Nigeria et la Mauritanie, qui est un partenaire du Sénégal en matière d’exploitation des ressources gazières.
‘’La demande est également importante en Afrique, même si nous n’avons pas encore un marché énergétique intégré’’, a fait noter le secrétaire général adjoint du Cos-Petrogaz, polytechnicien et spécialiste de l’énergie. Il estime que la mise en place du ‘’marché énergétique intégré’’ et le développement des infrastructures de transport intérieur doivent permettre au Sénégal d’être ‘’moins dépendant de l’extérieur’’ et de ‘’réduire la consommation de combustibles de cuisine à partir du charbon’’.
Interrogé sur les retombées du projet GTA pour le Sénégal et la Mauritanie, M. Kane, dont les propos ont été relayés par l’agence de presse sénégalaise APS, a dit que les deux pays ont fait de lourds investissements en matière d’exploitation gazière.
Par exemple, ‘’nous avons mis en place un brise-lames pour l’unité flottante de liquéfaction du gaz, pour permettre aux tankers d’amarrer’’, a souligné M. Kane, relevant que “’le projet GTA a permis de créer plus de 3.000 emplois directs’’. ‘’Les compagnies étrangères ne devraient pas tirer beaucoup de bénéfices, mais elles réaliseront plus de profits à partir de 2027, dans la première phase du projet’’, a-t-il ajouté, soulignant que ‘’la contribution des recettes issues de l’exploitation de nos hydrocarbures devrait tourner autour de 1 milliard d’euros, si nous considérons l’ensemble des projets pétroliers et gaziers.’’
Mamadou Fall Kane a indiqué que ‘’la construction du hub terminal du projet GTA a permis à plus de 1.500 Sénégalais d’avoir un emploi et a fait intervenir plus de 100 entreprises locales’’. ‘’En tout, le projet GTA a permis de créer plus de 3.000 emplois directs et de signer 123 milliards de dollars US de contrats avec les entreprises locales, au Sénégal et en Mauritanie’’, a dit M. Kane.
Le spécialiste de l’énergie affirme que ‘’la compagnie australienne Woodside, qui a racheté les actifs pétroliers du groupe BHP Petroleum, prépare l’exploitation du gisement offshore de Sangomar (au Sénégal), d’ici à la fin de l’année prochaine’’. ‘’Les réserves estimées sont de 525 millions de barils, y compris une partie de gaz. Et la production sera de 100.000 barils par jour durant la première phase’’, a-t-il révélé.
M. Kane assure que ‘’la Société africaine de raffinage (une entreprise sénégalaise), qui est en train de se moderniser, va raffiner au moins 30 % de la production de la première phase de Sangomar et devrait être capable, à terme, de transformer 100 % de la production’’. Cela ‘’permettra de réduire la facture des importations de jet fuel, de kérosène, de naphta, de diesel, de super, etc.’’ a-t-il indiqué.
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