Le groupe sanguin pourrait être prédictif du risque d’avoir un AVC précoce avant l’âge de 60 ans selon une large méta-analyse. Certains groupes sanguins sont plus à risque que d’autres.
Il existe deux types d’AVC. L’AVC hémorragique survient quand une artère se rompt dans le cerveau et que le flux sanguin entraîne la mort de cellules cérébrales. L’AVC ischémique, lui, se caractérise par une obstruction d’une artère. Elle peut être bouchée par un caillot sanguin ou un dépôt graisseux. La zone bouchée n’est plus irriguée par le sang. Sans apport d’oxygène, la zone peut alors être atteinte de façon irréversible. Pour savoir qui pourrait être le plus sujet à un AVC ischémique avant l’âge de 60 ans, l’université du Maryland a réalisé une large méta-analyse publiée dans la revue spécialisée Neurology. Leurs résultats suggèrent qu’il existe bien une différence de risque selon le groupe sanguin.
« La plupart des AVC surviennent à un âge plus avancé. De ce fait, nous avons choisi un seuil de 60 ans pour notre étude en partie pour inclure des cas d’AVC relativement jeunes par rapport à l’âge auquel les AVC se développent habituellement », explique le Dr Braxton Mitchell, spécialisé en épidémiologie et santé publique à Sciences et Avenir. Pour cela, l’équipe a passé en revue 48 études rédigées sur le sujet, comprenant 17.000 victimes d’AVC ainsi que 600.000 patients témoins, qui n’ont jamais fait d’accident vasculaire cérébral ischémique. Tous étaient âgés de 18 à 59 ans.
A plus à risque que O
Les résultats ont montré qu’il existe bien une différence selon les groupes sanguins. Les personnes de type A avaient un risque 16% plus élevé d’AVC précoce que celles de groupes sanguins différents. Les personnes au groupe sanguin B affichaient 11% de risque en plus de faire un AVC. Les personnes de type O, elles, avaient 12% moins de risques d’avoir un AVC précoce que celles d’autres groupes sanguins. Par ailleurs, le lien entre le groupe sanguin et la survenue d’un AVC était très marqué pour les AVC précoces.
Mais ce lien s’est avéré plus faible concernant les AVC qui surviennent plus tard dans la vie. Les chercheurs ont utilisé un autre échantillon de données de 9.300 personnes ayant eu un AVC et 25.000 sans AVC, toutes âgées de plus de 60 ans cette fois. Il s’est avéré qu’avec l’âge, le lien entre le groupe A et un risque accru ne paraissait plus significatif. Le groupe B, lui, présentait toujours un risque plus important de 11%, comme pour les patients avant 60 ans.
Pourquoi le groupe A serait-il plus à risque que le groupe O avant 60 ans ? L’équipe n’a pas, pour le moment, déterminer une cause. « Toutefois, nous pensons que le groupe sanguin prédispose les gens à la coagulation », explique le Dr Mitchell à Sciences et Avenir. Une coagulation trop importante du sang mène à l’apparition de caillots sanguins, responsables de la survenue des accidents vasculaires cérébraux ischémiques. « Nous constatons également que le groupe sanguin A est associé à une thromboembolie veineuse précoce, un autre trouble lié à la coagulation. » Un autre indice qui pourrait aiguiller les chercheurs dans de futurs travaux.
Pas d’inquiétude si vous êtes du groupe A
Les auteurs de l’étude sont formels : les personnes dont le groupe sanguin est A ne doivent pas s’inquiéter outre mesure. Nul besoin de se soumettre à un test de dépistage ou à des examens médicaux particuliers. « Il est important de souligner que les personnes du groupe sanguin A ne devraient pas s’inquiéter particulièrement de leur risque d’AVC. Le groupe sanguin est un facteur de risque beaucoup plus faible que d’autres facteurs de risque d’AVC modifiables, comme l’hypertension et le tabagisme. Pour les personnes qui souhaitent réduire leur risque d’AVC, ce sont les principaux facteurs à prendre en compte. »
Peu importe son groupe sanguin, prendre soin de son hypertension et arrêter le tabac constituent les deux pistes les plus importantes face au risque d’AVC. Les spécialistes n’excluent d’ailleurs pas que le groupe sanguin A accentue les effets de l’hypertension et du tabagisme sur les AVC ; ils soulignent la nécessité de mener de plus amples études pour mieux comprendre le phénomène. A noter que lors d’une étude sur le Covid-19, le groupe O était également apparu comme plus protecteur, tandis que le groupe A présentait plus de risques.
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