Le produit intérieur brut britannique (PIB) a connu en juillet un petit rebond, répit qui risque d’être de courte durée face à la récession qui menace et pourrait être aggravée par un jour férié dédié aux funérailles de la reine.
Le PIB a légèrement progressé, de 0,2% en juillet, après un recul de 0,6% en juin, tiré notamment par le secteur des services, a annoncé lundi l’Office national des statistiques. En revanche, les secteurs de la production et de la construction ont reculé sur la période.
Si le PIB a augmenté c’est surtout en raison de « la faiblesse du PIB en juin », marqué notamment par l’impact des célébrations du jubilé de la reine Elizabeth II – décédée jeudi dernier – qui avait donné lieu à deux jours non travaillés, soit un de plus que d’ordinaire, explique l’économiste de KPMG Yael Selfin.
Un autre jour férié supplémentaire a par ailleurs été annoncé lundi prochain, pour les funérailles de la souveraine, ce qui signifie que l’économie britannique connaîtra deux jours non travaillés de plus qu’une année normale en 2022.
Selon Samuel Tombs, économiste chez Pantheon Macroeconomics, le jour chômé de la semaine prochaine « pourrait être plus dommageable pour l’économie que le jour de congé supplémentaire en juin, car le secteur de l’hôtellerie et du tourisme n’en bénéficiera probablement pas, mais de nombreuses entreprises vont encore fermer ».
Pantheon Macroeconomics estime que l’impact des funérailles pourrait coûter 0,2% au PIB de septembre. « Mais de nombreuses entreprises pourront rattraper leur retard, comme la plupart d’entre elles l’ont fait en juin », nuance M. Tombs.
Et d’une manière générale, les grands événements royaux donnent un coup de fouet au tourisme et au commerce, particulièrement celui des souvenirs, avait rappelé vendredi John Plassard, analyste de la maison de courtage Mirabaud.
La monarchie serait à elle seule à l’origine de 600 millions d’euros de revenus sur 20 milliards que génère le secteur du tourisme dans le pays, selon Mirabaud. Les ventes de souvenirs pourraient augmenter de 60 millions de livres en marge de l’enterrement.
– Pressions sur les ménages –
Le PIB britannique s’est affiché en juillet 1,1% au-dessus de son niveau pré-pandémie, mais il est resté néanmoins légèrement inférieur à son niveau du mois de mai.
C’est « inquiétant », selon Yael Selfin, car cela « indique une contraction globale au cours des deux premiers mois de l’été », selon elle, alors que l’économie britannique est sous la menace d’une récession « en raison de la pression continue sur les revenus des ménages et de l’augmentation de la charge des coûts pour les entreprises ».
La Banque d’Angleterre a annoncé début août prévoir une récession à partir de fin 2022 et pour plus d’un an, en raison d’une inflation à plus de 10% tirée notamment par la flambée des prix de l’énergie depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine.
La nouvelle Première ministre britannique Liz Truss a dévoilé jeudi un gel des prix de l’énergie de deux ans pour les particuliers et de six mois pour les entreprises ou les institutions publiques, pour tenter d’enrayer cette flambée du coût de la vie.
La mesure n’a pas été chiffrée précisément par le gouvernement mais coûtera plus de 100 milliards de livres, selon le centre de réflexion spécialisé dans les finances publiques IFS.
Le gouvernement britannique compte aussi doper la croissance par des baisses d’impôts tous azimuts.
Mais les économistes estiment que les effets positifs du plafonnement des prix de l’énergie pourraient être freinés par des hausses de taux plus agressives de la Banque d’Angleterre pour contrer l’inflation à plus long terme. Selon Samuel Tombs, économiste chez Pantheon Macroeconomics, « la reprise économique s’est essoufflée, mais ne s’est pas encore inversée » et le plafonnement de l’énergie pourrait permettre d’éviter de justesse une récession au cours des prochains trimestres.
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