Alice Diop, réalisatrice d’origine sénégalaise, était connue pour ses documentaires de nombreuses fois primés. Cette année, elle fait une entrée fracassante dans le monde de la fiction. En compétition à la Mostra de Venise, Saint Omer, son premier film de fiction, a remporté le Lion d’argent et le Prix du premier film.
«Je n’ai plus les mots», a déclaré la cinéaste, très émue, en recevant son prix et en mettant en avant son combat féministe, en particulier celui «des femmes de couleur» : «le silence ne nous protègera pas. Nous ne nous tairons plus», a-t-elle promis. Saint Omer s’inspire d’une histoire vraie. En 2013, des pêcheurs retrouvent le corps sans vie de la petite Adelaïde, 15 mois. Très vite, sa mère, une jeune femme sénégalaise, est arrêtée.
Et le procès pour infanticide démarre en juin 2016. «Saint-Omer explore la grande question universelle de notre rapport à la maternité.» La réalisatrice a confié, pendant le festival, avoir utilisé «un fait divers d’apparence sordide pour aller questionner quelque chose de beaucoup plus vaste, qui est le rapport que toutes les femmes et tous les hommes ont avec la maternité». Laurence Coly, la protagoniste du film, interprétée par Guslagie Malanda, est une immigrée sénégalaise accusée d’avoir tué son bébé de 15 mois en l’abandonnant sur une plage du Nord de la France, à la marée montante.
Le film se concentre sur le procès auquel Alice Diop a assisté. «J’ai été obsédée par cette histoire dès le départ (…) j’ai vraiment été très bouleversée, sidérée, traversée par beaucoup de choses assez intimes sur mon rapport à la maternité», a-t-elle confié.
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