La stérilisation des moustiques tigres par irradiation, ça marche !

Le laboratoire IRD de La Réunion vient d’apporter la preuve scientifique que l’irradiation des moustiques mâles permet bien de supprimer leur fertilité et donc de diminuer le risque de transmission de maladies comme la dengue ou le chikungunya.

Treize ans d’efforts, mais les résultats sont là. Le 14 septembre 2022, dans le cadre d’un séminaire de restitution à Saint-Denis de La Réunion, les chercheurs de l’Institut pour la recherche et le développement (IRD) ont dévoilé des résultats prometteurs. Les lâchers de moustiques-tigres stériles ont permis une réduction de 50 à 60% de leur fertilité dans la zone d’étude, le quartier urbain Duparc dans la ville voisine de Sainte-Marie. “C’est la première fois que l’efficacité de cette technique par irradiation est prouvée sur Aedes albopictus”, se réjouit Louis Clément Gouagna, entomologiste médical à l’IRD et coordonnateur du programme.

La « technique de l’insecte stérile » (TIS) par irradiation n’est en soi pas neuve. Elle a été utilisée dès les années 1960 aux États-Unis pour lutter contre une mouche, la lucilie bouchère, qui faisait des ravages dans le cheptel bovin. Elle a ensuite permis de faire reculer les populations de mouches à fruit en Amérique latine et enfin d’éradiquer la mouche tsé-tsé responsable de la maladie du sommeil dans l’île de Zanzibar (Tanzanie). “Mais elle n’avait jamais été testée sur les moustiques et c’est après la grosse épidémie de chikungunya qui a frappé La Réunion en 2006 que le laboratoire a décidé de commencer ce programme”, rappelle Louis Clément Gouagna. L’idée consiste à lâcher dans la nature des moustiques mâles préalablement stérilisés pour qu’ils entrent en compétition avec les individus sauvages pour l’accouplement avec les femelles, lesquelles ne pourront pondre que des œufs non viables.

Des techniques nouvelles pour multiplier les moustiques et les stériliser
À partir de 2009, il a fallu d’abord étudier dans la nature le comportement du moustique-tigre, son écologie, sa façon de s’accoupler. C’est grâce à ces observations sur les conditions optimales de chaleur, d’ensoleillement et d’humidité que les chercheurs ont pu reproduire ces conditions en laboratoire et commencer l’élevage des insectes. Il a fallu pour cela trouver les moyens pour qu’ils se reproduisent plus rapidement génération après génération. Pour optimiser l’élevage, les chercheurs ont nourri les populations de mâles et de femelles en utilisant deux appareils remplis l’un par de l’eau sucrée pour les mâles, l’autre par une substance contenant du sang de bœuf pour les femelles, celles-ci devant faire un « repas de sang » pour récupérer les protéines nécessaires à la ponte des œufs.

Après avoir trouvé le moyen de « produire plus », les chercheurs ont dû ensuite inventer un système de séparation sexuelle pour être certains de ne stériliser que des mâles.

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