Une image montrant un avion à moitié transformé en requin, des hashtags évoquant de façon trompeuse une énergie propre, ou des images de nature bombardée abusivement… un nouveau rapport de chercheurs à l’université Harvard publié mardi met en lumière les nombreuses pratiques des entreprises pour se « verdir » sur les réseaux sociaux.
L’enquête, commandée par l’organisation de défense de l’environnement Greenpeace, a analysé le texte et les images de plus de 2.300 publications en juin et juillet de cette année. Celles-ci émanaient d’une vingtaine d’entreprises européennes, parmi les plus gros fabricants de voitures, compagnies aériennes, ou sociétés pétrolières et gazières.
« Cet été, alors que l’Europe vivait des températures et des incendies record », ces entreprises » sont restées silencieuses sur le changement climatique, et ont procédé à ce que nous interprétons comme étant du positionnement de marque », a expliqué à l’AFP l’auteur principal de ces travaux, Geoffrey Supran.
Intitulé « Cinquante nuances de Green(washing) », le rapport montre qu’une publication sur cinq de ces entreprises relayait des messages sur des événements sportifs ou encore des causes sociales, plutôt que de montrer ce qu’elles vendaient.
Sur Twitter, Lufthansa et Air France utilisaient le hashtag #SustainableAviationFuel (carburant durable pour avions, en français). Sans mentionner qu’un tel carburant, à l’impact débattu par les experts, ne concerne qu’une petite partie du total utilisé par l’industrie, note le rapport.
Une publication de la compagnie Wizz Air pour la Journée mondiale de l’environnement montrait elle une femme âgée noire, moitié arbre, se tenant dans une forêt luxuriante… pour promouvoir un article sur comment faire baisser sa consommation individuelle d’énergie. Une pratique courante visant à « rediriger la responsabilité » sur les comportements individuels, plutôt que les gouvernements ou l’industrie, selon le rapport.
Sur YouTube, une vidéo du constructeur automobile Fiat montrait un groupe de jeunes sillonnant les routes de magnifiques montagnes.
Des chercheurs « ont observé des réponses affectives fortes de la part des consommateurs face à des images de nature », a expliqué Geoffrey Supran. « Cela peut laisser penser qu’une entreprise est plus verte qu’elle n’y parait, d’une façon subtile qui peut tromper même les observateurs les plus critiques. »
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