En mimant les effets de substances hallucinogènes, des spécialistes de la réalité virtuelle ont conçu une expérience de décorporation

Les effets obtenus en terme de sensations de calme et de bien-être sur des participants soumis à des substances comme la psilocybine pourraient être obtenus via la réalité virtuelle. Une équipe a mis au point pour cela une expérience de décorporation.

Réalité virtuelle pyschédélique
L’expérience Isness en réalité virtuelle pour faire vivre aux participants une fusion de leurs corps.

Votre corps vous apparaît comme une silhouette de molécules, de plus en plus diffuse. Si diffuse que les particules se mêlent à celles de vos proches voisins, et vous tous, bientôt, voyez vos corps fusionner. Vous ne savez plus bien où commence et se termine le vôtre, mais ce n’est pas grave, vous vous sentez bien, apaisé. Certaines expériences en laboratoire de psychiatrie, aux Etats-Unis (comme cette étude publiée en mars 2022), se servent de substances hallucinogènes telles que la psilocybine ou le LSD pour en étudier les effets sur l’anxiété, les états dépressifs. Mais les mêmes effets semblent pouvoir être obtenus par le biais d’une expérience de réalité virtuelle, selon une étude publiée dans les Scientific Reports de la revue Nature.

Une équipe composée de chercheurs en psychologie à l’université de Bristol (Royaume-Uni) et du centre de recherche Citius sur les technologies intelligentes, à l’université de Saint-Jacques de Compostelle (Espagne), a conçu une expérience de « décorporation » vécue collectivement par quatre ou cinq participants simultanément, chacun étant muni d’un casque de réalité virtuelle (en l’occurrence des HTC Vive Pro ou un Valve Index). Ce n’est pas la première fois que la RV sert à détacher un utilisateur de son enveloppe corporelle. Spécialiste de l’incarnation virtuelle à l’université de Barcelone, Mel Salter avait ainsi conçu un dispositif où le participant quittait son corps, avec en perspective le fait d’atténuer sa peur de la mort.

Un casque HTC Vive et des gants haptiques
La grande nouveauté dans cette immersion appelée Isness, c’est la dimension collective. Le dispositif plonge les personnes dans le même espace virtuel où, disposées en rond, elles se voient les unes les autres. Quand bien même, dans une version du dispositif, ces participants sont situées physiquement dans des pays différents. Ils sont également équipés de gants haptiques conçus pour détecter quand le porteur forme un cercle avec son pouce et son index ou son majeur, ce qui correspond à la position « mudra » de la culture hindou. Cette posture déclenche alors une transformation des avatars virtuels.

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