Dans une chronique lue à l’antenne de France Inter, Dov Alfon, directeur de la publication et de la rédaction du journal «Libération», a commenté, avec ironie, une visite d’Emmanuel Macron dans les Pyrénées-Atlantiques, teintée d’entorses à la liberté d’expression.
Dov Alfon entame son billet du jour en emmenant les auditeurs loin de l’Hexagone, plus précisément dans le sud-ouest marocain. L’éditorialiste raconte alors une scène qui se serait déroulée vendredi dernier, lorsque lors d’une visite royale «dans ces contrées isolées, un couple de Berbères qui avait accroché aux fenêtres de leur maison des messages de protestation contre la politique du Souverain», a vu ses pancartes saisies par les forces de sécurité marocaines avant d’être immobilisé.
Une preuve de plus des graves atteintes à la liberté d’expression dans la monde, et notamment au Maroc? Que nenni. Dov Alfon se confond en excuses et feint de s’être trompé d’endroit et de dirigeant. «Oh pardon Nicolas, j’ai dit “sud-ouest marocain”?», interpelle-t-il alors l’animateur de la radio, avant de se corriger d’un ton moqueur, «je me suis trompé, c’est de NOTRE sud-ouest qu’il s’agit, comme la scène se déroule en Pyrénées-Atlantiques, dans la charmante ville de Pau».
Et, de poursuivre, «ce n’est pas le roi du Maroc qui y était en visite, mais notre souverain local, j’ai nommé Emmanuel Macron».
Le directeur de la publication de Libération en vient ensuite au vif du sujet, transposant son anecdote là où elle s’est vraiment déroulée, non dans le sud-ouest marocain mais dans la ville de Pau, lors de l’inauguration vendredi dernier d’un nouveau centre culturel par le président de la République. En lieu et place d’un couple de Berbères marocains, on retrouve dans cette histoire, réelle, un couple de riverains français ayant affiché des pancartes de protestation à leurs fenêtres, dont une avec le message suivant: «Je veux pouvoir partir en retraite avant l’effondrement climatique», narre Dov Alfon.
les flics sont monté virer cette pancarte et prendre l’identité des occupants de l’appartement. Il ne fallait pas gêner la déambulation du présiroi Macron sur les terres du Haut-Duc de Bayrou-Bearn à Pau.
Sommet de ridicule et de fragilité d’un pouvoir déliquescent pic.twitter.com/KWqFEAguZm
— Alexis Poulin (@Poulin2012) September 30, 2022
«Rien de bien méchant et certainement rien d’illégal, mais des agents en uniforme ont déboulé dans l’immeuble et ont retiré les pancartes», poursuit-il, précisant que les forces de l’ordre étaient munies d’un bélier et ont menacé de défoncer la porte du couple. Et pour mieux justifier cette intrusion en force chez ce couple de riverains, «la Préfecture a d’abord tenté d’expliquer que les pancartes pouvaient être considérées comme outrageantes à l’endroit du président de la République», poursuit l’éditorialiste.
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«Ce serait donc un crime classique de lèse-majesté, seulement, celui-ci n’existe plus en France depuis 1832», ironise-t-il en précisant que le temps du week-end, il a ensuite été évoqué une atteinte à la sécurité du chef de l’Etat.
«Vous n’avez pas l’air convaincu…», feint de douter Dov Alfon. «Non, Nicolas, même le roi du Maroc est beaucoup plus cool aujourd’hui avec le lèse-majesté que notre président», lance-t-il alors, afin d’établir une comparaison avec le Maroc, un pays qu’une certaine presse française associe volontiers à un régime liberticide à l’endroit de la liberté d’expression en faisant abstraction de ce qui se passe en France.
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Et celui-ci de rappeler que ce type d’entorses à la règle est devenu une habitude en France. «Ce n’est malheureusement pas la première fois que l’on bafoue la liberté d’expression en essayant de deviner ce qui pourrait éventuellement froisser Emmanuel Macron».
A titre d’exemple, Dov Alfon cite la censure du discours d’une parlementaire à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, «pour éviter au président trop d’humiliation», ou encore, en novembre 2020 à Toulouse, la garde-à-vue d’une femme qui avait brandi une pancarte hostile au Président.
«L’égo d’Emmanuel Macron est-il si fragile qu’il faut le préserver de tout affront, même parfaitement légal?», interroge Dov Alfon en guise de conclusion.
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