Un navire a besoin de capitaines, de lieutenants et de matelots pour naviguer jusqu’à bon port. L’Olympique de Marseille, deuxième au classement de Ligue 1 et invaincu après neuf journées (7 victoires, 2 nuls), voit une hiérarchie se dessiner sous Igor Tudor. Le travail portera-t-il enfin ses fruits en Ligue des champions, ce mardi (18h45) face au Sporting Portugal ? Si c’est le cas, ce ne sera pas sans ces cinq hommes forts qui émergent sous les ordres de l’entraîneur croate.
Jonathan Clauss, l’inoxydable
Avec 892 minutes jouées (sur 990 possibles), il est le joueur le plus utilisé par Tudor cette saison. Et il a aussi disputé un match et demi avec les Bleus fin septembre. Jonathan Clauss, 30 ans, aura besoin de repos à un moment donné. Mais son match ébouriffant, vendredi dernier à Angers (0-3, un but, deux passes décisives), laisse comprendre qu’il en a encore sous le coude. «Clauss, c’est un joueur incroyable, mais je le savais dès le premier entraînement»,s’est émerveillé Tudor après la partie. Le piston droit venait alors de jouer le match… à gauche, en l’absence de Nuno Tavares, suspendu.
Chancel Mbemba, le roc
L’OM n’a encaissé que cinq buts en neuf matches de Ligue 1, et Chancel Mbemba n’y est pas pour rien. Ce «garçon en or», comme l’a qualifié Igor Tudor, apporte solidité et sérénité à l’arrière-garde olympienne. Il est «un leader, un joueur très important pour l’équipe de tous les points de vue», a surenchéri le Croate. Hormis la seconde période de Marseille-Lille, Tudor ne s’est jamais passé de Mbemba par choix. Il était impérial face à Tottenham, jusqu’à… un tacle en retard pour empêcher Heung-min Son de filer au but, à la 47e minute. «Une erreur», de son propre aveu. Carton rouge logique qui a entraîné les siens dans sa chute (défaite 2-0) et qui l’a privé de la réception de Francfort (défaite 0-1).
Avec son retour, c’est l’OM qui retrouve des repères pour recevoir le Sporting. En plus de sa lecture défensive, Mbemba, international congolais (66 sélections, 4 buts), a montré la confiance et l’audace de se projeter balle au pied. C’est par un dépassement de fonction, presque en position de latéral droit, qu’il a obtenu un penalty en fin de match contre Clermont (1-0). Âgé de 28 ans, il dénombre 27 apparitions en Ligue des champions. L’ancien de Newcastle et d’Anderlecht apporte une expérience bienvenue à un groupe qui peine à dompter le contexte européen.
Mattéo Guendouzi, l’équilibriste
Jorge Sampaoli louait sa «condition physique exceptionnelle», le considérant comme «l’âme» de l’équipe marseillaise la saison dernière. Il avait alors joué 56 matches sur… 56, dont 52 comme titulaire. Il est inconcevable d’imaginer l’OM sans Mattéo Guendouzi, milieu de terrain de 23 ans. Son activité, sa régularité, sa volonté de jouer vers l’avant, d’agresser l’adversaire, sont des qualités dont ne se passe pas non plus Igor Tudor. En 2021-22, Guendouzi était le deuxième joueur de Ligue 1 au nombre de passes vers l’avant (219) et le quatrième au nombre de fautes provoquées (84).
Pour autant, une marge de progression demeure. L’ex-Lorientais ne pèse que trop peu dans la surface. Il n’a pas le sens du but et préfère partir de loin pour impacter dans les 20 derniers mètres. La question de son positionnement a été posée à Tudor avant la réception du Sporting. «S’il joue plus bas, l’équipe est plus offensive mais moins équilibrée. S’il joue plus haut, l’équipe a plus d’équilibre mais est moins offensive», a analysé le Croate. Une chose est sûre : il jouera face au Sporting, lui qui n’a toujours pas raté le moindre match depuis son arrivée au club à l’été 2021.
Valentin Rongier, le bon samaritain
C’est le soldat. Le loyal. Il ne fait pas rêver les enfants, mais il n’en est pas moins important. Valentin Rongier est, avec Mattéo Guendouzi, le poumon du jeu marseillais. «Il me donne tout : l’intelligence, les courses, la qualité offensive et défensive, se ravissait Igor Tudor début septembre. À mon avis, c’est un joueur un peu sous-estimé par le public et les médias. Moi, je pense qu’il est très fort.» C’est la confiance, mais aussi le brassard de capitaine que lui avait accordé Tudor en entame de saison. «C’est une grande fierté, mais pas quelque chose que je recherchais», remerciait timidement le milieu défensif de 27 ans.
Si ses coéquipiers peuvent se lâcher offensivement, c’est parce que Rongier joue la caution défensive des Phocéens. «Ça fait beaucoup de bien de savoir qu’on peut se projeter parce qu’il est là à faire le travail de l’ombre», remerciait Jonathan Clauss. Le produit de la formation nantaise a été récompensé il y a deux semaines : une prolongation de contrat de deux saisons, soit jusqu’en juin 2026. De quoi renforcer son statut de pilier sur le Vieux-Port.
Amine Harit, le détonateur
Les quatre joueurs cités plus haut font partie du top 7 des Marseillais les plus utilisés par Tudor cette saison. À ce classement, Amine Harit n’est que 17e. Mais l’OM ne peut pas se passer de celui déjà prêté par Schalke 04 la saison dernière, et dont le prêt n’a été renouvelé que le 1er septembre. Sa qualité technique et sa capacité à éliminer en un contre un le range parmi les Olympiens pouvait faire basculer un match. C’est ce qui aurait pu arriver face à Francfort (défaite 0-1), où il a plus montré en une demi-heure que Dimitri Payet, Gerson et Alexis Sanchez, tous les trois titulaires en attaque.
Il avait déjà créé un but sur contre-attaque pour égaliser contre Lille, le 10 septembre (victoire 2-1), et a encore enflammé la partie vendredi dernier, après son entrée à la 67e minute à Angers (victoire 0-3). Les états de forme aléatoires de Gerson et Payet laissent imaginer que Harit prendra du galon en ce mois d’octobre. Au point, peut-être, pour le Marocain de 25 ans, de se muer en arme fatale de l’OM de Tudor.
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