Le milliardaire, qui a finalement accepté de racheter l’entreprise, semble bien déterminé à s’inspirer du géant chinois WeChat.
« Le rachat de Twitter est un accélérateur pour créer X, l’application à tout faire ». C’est en ces termes pour le moins énigmatiques qu’Elon Musk a commenté son volte-face de ce 4 octobre: menacé de procès par les actionnaires pour s’être retiré du projet de rachat de Twitter pour 44 milliards de dollars, le patron de Tesla a finalement cedé. Dans un autre message, il a ajouté que l’acquisition accélèrera de « 3 à 5 ans » la création de X.
Si Elon Musk sera probablement invité à préciser sa pensée dans les prochains jours, des déclarations passées permettent de mieux comprendre son projet. Ce n’est pas la première fois qu’il évoque un projet de plateforme baptisée X. En 2017, il avait d’ailleurs racheté le nom de domaine X.com, qui lui avait appartenu près de 20 ans plus tôt. Il s’agissait alors d’une plateforme de services financiers qui s’est par la suite muée en PayPal. Il avait toutefois admis ne pas savoir ce qu’il comptait faire de ce nom de domaine.
Quel rapport peut-il donc y avoir entre la future évolution de Twitter et l’ancêtre de PayPal? L’explication se trouve probablement du côté de la Chine. Dans le pays, qui a fermé ses portes à tous les géants américains, l’application WeChat répond justement à cette définition « d’application à tout faire ».
Musk passionné par WeChat
Sur WeChat, les internautes chinois peuvent communiquer, s’informer, mais surtout s’échanger de l’argent – comme le permet justement PayPal, mais aussi… prendre un rendez-vous pour divorcer. Sur une population chinoise de 1,4 milliard de personnes, un milliard utilise WeChat. De quoi faire rêver de nombreuses applications occidentales, mais aussi Elon Musk, qui a plusieurs fois évoqué son admiration pour WeChat au cours des derniers mois.
WeChat est une sorte « de Twitter, plus PayPal et plein d’autres choses, présentée dans une belle interface. C’est une excellente application et nous n’avons rien de tel en dehors de Chine » analysait-il le 16 mai dernier dans un podcast.
Le sujet WeChat a également été abordé lors d’un échange entre Elon Musk et les salariés de Twitter, après l’annonce de son projet de rachat.
« Les gens vivent littéralement sur WeChat en Chine, parce que c’est pratique et utile au quotidien. […] Si nous pouvions parvenir à cela ou s’en approcher avec Twitter, ce serait une grande réussite » estimait-il.
Si les ambitions d’Elon Musk de créer une « super app » utile au quotidien semblent claires, de nombreuses questions restent en suspens. En définissant Twitter comme un « accélérateur » pour créer un WeChat occidental, Musk ne précise pas si ce projet viendrait compléter ou remplacer le réseau social.
Avec des fonctions de paiement, Twitter, dont la rentabilité reste très limitée, pourrait profiter de sources de revenu complémentaires à la publicité. Mais si Elon Musk décide d’aller au bout de son idée, l’imposer sera bien plus complexe qu’en Chine: face à lui, des géants comme Apple, Google, Facebook voire TikTok seront bien décidés à répliquer.
bmftv