Un ancien officier algérien devenu opposant exilé en France, a affirmé avoir été victime d’un piège en Turquie visant à le déporter en Algérie. Depuis la montée au pouvoir d’Abdelmadjid Tebboune à Alger, les affaires de purge et la chasse à l’homme des opposants a pris une tournure inquiétante.
Ancien officier algérien et ancien membre de la mission d’observateurs de la Ligue arabe en Syrie, Anwar Malek est exilé en France où il continue ses recherches en relations internationales, et s’est reconverti en écrivain.
Opposant au régime algérien et à ses méthodes, et militant des droits de l’Homme, Anwar Malek a affirmé sur des publications sur Twitter avoir échappé à une déportation en Algérie dimanche, même s’il ne figure pas sur la liste des personnes accusées de terrorisme, annoncée par les autorités algériennes en mai dernier.
« J’ai été victime d’un traquenard tissé par les services de renseignements algériens et réseau mafieux à Istanbul (ayant des ressources) au sein des services secrets turcs. Le plan consistait à m’enlever à l’intérieur de l’avion turc. Le tout sous couvert d’une accusation sordide de présentation d’un danger à la sécurité nationale turque. Sans la bonté de Dieu qui m’a sauvé des griffes de ces criminels (j’aurais été victime d’une) extradition vers l’Algérie », a-t-il écrit sur Twitter.
J'ai été victime d'un traquenard tissé par les services de renseignements Algériens et réseau mafieux à Istanbul qui des tentacules au sein des services secrets turcs. Le plan consistait à m'enlever à l'intérieur de l'avion turc.
La suite 👇@EmmanuelMacron @GDarmanin @RTErdogan pic.twitter.com/IO6BoZ1DCU— أنور مالك (@anwarmalek) October 4, 2022
Dans un autre post, l’universitaire algérien a appelé le président Recep Tayep Erdogan à intervenir afin que les autorités turques enquêtent sur cette opération de déportation dont il a été victime.
« J’appelle les autorités turques à enquêter sur mon arrestation à l’aéroport d’Istanbul après avoir été sorti de l’avion par des agents de sécurité. Cela s’est produit suivant un plan bien étudié préparé depuis mai dernier dans le but de me déporter par la force en Algérie », a-t-il écrit à l’adresse du président turc.
Et d’ajouter que ce plan aurait été exécuté par les services de renseignements algériens en collaboration avec un réseau mafieux turc ayant de l’influence au sein de l’appareil sécuritaire turque.
Selon le dissident algérien, le groupe mafieux turc serait issu d’Istanbul et aurait obtenu une notice d’interdiction d’entrée sur le sol turc grâce à ses contacts.
L’ancien officier algérien de 58 ans a finalement échappé à cette tentative de kidnapping en retournant à Paris en France d’où provenait son vol.
Une chasse internationale à l’opposant
Si Anwar Malek a échappé à l’extradition, cela n’a pas été le cas d’autres de ses compatriotes, ex-militaires comme Mohamed Benhalima et Mohamed Abdellah, deux déserteurs accusés de « terrorisme », livrés à l’Algérie par l’Espagne ces derniers mois, malgré les menaces de torture qui les attendaient.
Depuis l’élection controversée d’Abdelmadjid Tebboune fin 2019, la « nouvelle Algérie » est marquée par un revirement autoritaire qui traque toute forme d’opposition. Deux organisations basées à l’étranger, le Rachad et le MAK, ont été listées comme terroriste et leurs présidents font l’objet de plusieurs mandats d’arrêt.
D’autres opposants, bloggeurs et journalistes algériens exilés, sont également activement recherchés par les services algériens afin de les emprisonner en Algérie et leur couper tout moyen de communication qui leur permet d’exposer au monde les réalités du régime algérien.
Sur cette liste d’opposants, figure le bloggeur Amir Dz, considéré comme l’ennemi public numéro 1 du régime algérien. Ce dernier vient tout juste d’échapper à sa déportation après plusieurs mois de combat devant la justice française.
De son côté, le poète septuagénaire Kabyle, Ferhat Mehenni, président du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) qui devait intervenir en tant qu’invité du journal télévisé de la chaine française CNews, a été déprogrammé à la dernière minute sur intervention directe de l’Algérie.
La vidéo de l’annonce de sa déprogrammation alors qu’il était en coulisses a fait le tour des réseaux sociaux et témoigne de l’activisme algérien à l’étranger pour faire taire toute forme de contestation ou d’opposition après avoir réussi à asphyxier le mouvement anti-système Hirak sur son territoire en profitant de la crise sanitaire de la covid-19.
Selon les médias français, l’intervention de l’Algérie pour déprogrammer Ferhat Mehenni de la chaine privée CNews se serait faite au plus haut niveau de l’Etat, avec un chantage direct d’Abdelmadjid Tebboune auprès du président français Emmanuel Macron, le menaçant de faire annuler les accords bilatéraux qui doivent être signés lors de la visite de la Première ministre française, Elisabeth Borne en Algérie.
hespress