La nouvelle épidémie d’Ebola est de plus en plus une source d’inquiétude en Ouganda. Elle a déjà coûté la vie à 19 personnes. Le décès d’une personne infectée qui a quitté le district central de Mubende, où l’épidémie a été signalée pour la première fois, a même été signalé dans la capitale Kampala. Face aux risques d’une propagation à grande échelle, lors d’une sortie médiatique le président Yoweri Museveni a demandé aux guérisseurs traditionnels de cesser de tenter de soigner les malades.
Cette injonction fait suite à une réunion ministérielle à Kampala axée sur les mesures d’urgence face à l’épidémie d’Ebola.
Si l’évolution de l’épidémie en Ouganda inquiète autant c’est parce que le pays fait face à la souche du virus venue du Soudan. Une souche contre laquelle les vaccins, qui ont été si efficaces pour contrôler les récentes épidémies en RD Congo par exemple, ne sont pas efficaces.
Des pratiques dangereuses
Mais alors que les services de santé ont du mal à faire face à l’épidémie, ce n’est pas un hasard si le président ougandais s’est adressé aux « sorciers, traditionalistes et herboristes » en leur demandant de ne pas accepter les personnes malades d’Ebola.
Si certains ne croient toujours pas en l’existence même de la maladie, d’autres la considèrent comme de la sorcellerie et préfèrent se tourner vers la médecine traditionnelle.
Une pratique qui n’est pas spécifique à l’Ouganda, les tradipraticiens restent en effet le premier recours dans la plupart des pays africains.
Mais ces derniers ne prennent pas les précautions nécessaires pour éviter la transmission d’une maladie virulente comme Ebola. Il n’y a pas de lavage régulier des mains à l’eau et au savon, les malades ne sont pas mis en quarantaine et les contacts avec les malades sont étroits. Les guérisseurs n’interdissent pas non plus aux proches des patients de les toucher, les embrasser ou même les laver…
Ils ne disposent, par ailleurs, pas non plus des remèdes à même de guérir les malades dont l’état empire dans bien des cas avant qu’ils décident de se faire prendre en charge par la médecine moderne. Certains n’hésitent d’ailleurs pas à dissuader les malades de rejoindre les centres médicaux et continuent de leur administrer des traitements inadéquats.
Tout ceci freine la lutte contre la maladie et contribue à sa propagation.
Eviter la propagation
Lors de précédentes épidémies, comme celles de 2013 et 2016 en Afrique de l’Ouest qui avaient fait plus de 11.300 victimes, notamment dans des pays durement touchés comme la Guinée, les autorités avaient demandé aux tradipraticiens d’éviter de donner de faux espoirs aux malades.
Des actions avaient par ailleurs été menées pour les impliquer plus dans la sensibilisation des communautés pour que les malades se rendent le plus tôt possible dans les centres de prise en charge d’Ebola.
Le principal objectif en ce qui conterne l’épidémie actuelle en Ouganda est la contrôler rapidement et stopper sa propagation aux districts et aux pays voisins.
Selon l’OMS, le risque de transmission interpays est « élevé à cause des mouvements entre d’autres pays » et l’Ouganda qui a connu plusieurs épidémies d’Ebola, dont la dernière en 2019 a tué au moins cinq personnes.
dw