Contrainte de remercier jeudi son ministre des Finances, Kwasi Kwarteng, Liz Truss a nommé le lendemain Jeremy Hunt pour tenter de ramener de la sérénité au sein de son propre parti conservateur. La Première ministre est fragilisée.
Pour son premier discours public depuis sa nomination, le nouveau ministre des Finances Jeremy Hunt a affirmé samedi sans détour que «des erreurs ont été faites» par la Première ministre Liz Truss et son prédécesseur Kwasi Kwarteng, limogé la veille en pleine crise économique.
«La Première ministre l’a reconnu et c’est pour cela que je suis là», a-t-il ajouté sur la chaîne de télévision Sky News.
«Truss se bat pour sa survie», titrait samedi The Times. «Truss s’accroche au pouvoir» affichait en une le Daily Telegraph, le journal conservateur affirmant que des parlementaires tories cherchent toujours un moyen de l’écarter de la tête de l’exécutif.
Jeremy Hunt est un proche de Rishi Sunak, l’ancien ministre des Finances de Boris Johnson et adversaire de Liz Truss dans la campagne pour Downing Street. Il a pour mission de reprendre en main le mini-budget annoncé le 23 septembre et très mal accueilli par les marchés, une bonne partie du parti conservateur et la population britannique.
AFFAIBLIE PAR SES REVIREMENTS
Une de ses premières actions comme nouveau ministre a été de s’entretenir avec Andrew Bailey, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, qui a dû agir en urgence pour calmer les marchés après la présentation du mini-budget.
Jeremy Hunt apparaît désormais comme l’homme fort du gouvernement, selon les médias britanniques, quand la Première ministre Liz Truss est considérablement affaiblie par ses revirements.
Après sa prise de parole, vendredi, les marchés continuaient de punir la livre sterling et le coût de la dette britannique est remonté légèrement, au moment aussi où la Banque d’Angleterre cessait son action d’urgence.
Il s’apprête ainsi à abandonner de nombreuses promesses de campagne de la Première ministre. La nomination de Jeremy Hunt doit permettre autant de rassurer les marchés, que de calmer la fronde chez les Tories.
Pour le Financial Times, Liz Truss a sacrifié Kwasi Kwarteng «dans un pari pour sauver» sa tête à Downing Street mais «la seule chose qui unit le parti (conservateur) est le manque de confiance en Truss».
Vendredi, la Première ministre avait éludé les questions sur son sort personnel, martelant qu’elle restait «absolument déterminée» à déployer sa politique.
Dans son camp, on agite aussi le spectre d’une défaite cuisante à ceux des conservateurs qui seraient tentés de provoquer des élections générales, au moment où l’opposition travailliste caracole en tête des sondages.
Le chef du Labour, Keir Steimer, a d’ailleurs fustigé samedi le «chaos grotesque» engendré par le gouvernement conservateur. «Toutes les difficultés qu’affronte notre pays aujourd’hui sont de sa responsabilité», a-t-il insisté.
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