Présidentielle de 2023 en RDC: « processus mal embarqué »

Selon des chercheurs américains, les acteurs politiques ont la mainmise sur les institutions impliquées dans la gestion du processus électoral.

A un peu plus d’un an des prochaines élections en République démocratique du Congo, des chercheurs s’inquiètent d’un « processus mal embarqué » et d’un « déficit de confiance » porteurs selon eux de risques de « violentes protestations ».

« La RDC risque de rater l’opportunité de remettre son processus électoral en ordre », écrivent les organisations Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et Ebuteli, liées à l’Université de New York (NYU), dans un rapport intitulé « Élections à l’ère de Tshisekedi – Un mauvais départ? », publié mardi.

Ancien opposant, Félix Tshisekedi a succédé en janvier 2019 à Joseph Kabila à la tête de l’État, à l’issue d’une présidentielle controversée, en décembre 2018, lors de laquelle la Commission électorale nationale indépendante (Céni) avait été accusée d’avoir truqué les résultats. La prochaine présidentielle est supposée se tenir fin 2023 et M. Tshisekedi a déjà exprimé son intention de se représenter.

A 14 mois de cette échéance, « les intérêts politiques ont fini par étouffer l’élan de rupture », « la méfiance envers les animateurs de la Céni demeure » et « les renouvellements controversés des membres de la Cour constitutionnelle, dernier verrou du processus électoral, renforcent davantage le déficit de confiance », estiment les analystes.

Selon eux, « la mainmise politique persiste sur les institutions impliquées dans la gestion du processus électoral ».

Le « déficit de confiance » envers ces institutions, « les cadres de concertation exclusifs, le flou autour des circonscriptions électorales (…), le manque de transparence dans la conduite de certaines opérations importantes (…), augurent des violentes protestations des acteurs socio-politiques », alerte Ithiel Batumike, chercheur à Ebuteli.

D’autant, ajoute le rapport, que « l’actuel processus électoral semble avoir pris du retard à l’allumage » et que pèse « le spectre du glissement du calendrier électoral ».

Le pays, estiment les chercheurs, « se retrouve de nouveau entre le risque d’organiser des élections bâclées aux éventuels résultats contestés » et celui « des éternels arrangements politiques pour le partage des responsabilités politiques » au détriment « du sauvetage de ce processus électoral mal embarqué ».

« C’est la quête de la confiance dans le processus électoral qui devrait être la priorité des parties prenantes, à commencer par la Céni elle-même », recommandent les chercheurs, qui demandent aussi au gouvernement et au Parlement d’octroyer à la Commission électorale les moyens adéquats pour mener à bien sa mission.

voa

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