La vidéo de la nomination du général Floribert Kisembo a beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux. On y voit la présentatrice de la télévision publique lire que Floribert Kisembo a été choisi comme commandant des opérations dans la province de l’Equateur.
Or, ce général, ancien déserteur de l’armée, est décédé il y a plus de dix ans.
Face à cette histoire rocambolesque, l’armée s’est empressée de préciser que le nouveau nommé est bien vivant et qu’il ne s’agit pas de Floribert Kisembo mais d’un général au nom assez proche.
Le général de brigade Sylvain Ekenge, le nouveau porte-parole des FARDC, explique à la DW que « le général Kisebwe et le général Kisembo sont deux noms différents et deux personnes différentes ».
Sylvain Ekenge précise que « c’est le général Kisebwe qui a été nommé. Et les gens, comme les documents ne sont pas encore sortis, ont suivi cela à la télévision et ils racontent n’importe quoi ».
Des « failles terribles »
Le spécialiste congolais des questions de défense et de sécurité doute toutefois de la version de l’armée. Boniface Musavuli dénonce des « failles terribles » et récurrentes dans le processus qui conduit à la nomination de hauts cadres.
« L’armée est embarrassée, le gouvernement est embarrassé, le pouvoir est embarrassé de se retrouver face à cette situation, explique Boniface Musavuli à la DW. Alors, on essaie de rattraper le coup. Tout cela montre qu’il n’y a pas beaucoup de rigueur dans le fonctionnement des services autour du président Tshisekedi. »
Cette affaire intervient après plusieurs autres désignations. Les FARDC ont ainsi un nouveau chef d’état-major. Des nominations ont aussi été réalisées à la tête des forces armées navales et aériennes ainsi que dans la troisième zone de défense.
Cette zone regroupe les régions du Sud-Kivu et du Nord-Kivu, sous état de siège en raison de la lutte contre les groupes armés dans l’est du pays.
L’Est toujours en proie aux violences
Mais Boniface Musavuli relativise l’impact de ces nominations sur le quotidien des populations.
« Ce sont des nominations qui sont destinées à sécuriser le pouvoir du président Tshisekedi, mais pas à sécuriser le territoire national parce que pour sécuriser le territoire national, ce ne sont pas quelques nominations qu’il faut faire. Ce sont de véritables réformes. Pour régler vraiment la question de la sécurité, il faut des décisions fortes qui ne doivent pas se limiter seulement à la nomination de quelques commandants. »
Selon le porte-parole de l’armée congolaise, ces nominations seraient tout à fait normales. L’armée fait son travail, poursuit le général de brigade Sylvain Ekenge, alors que depuis plus de 30 ans, les provinces de l’Est font face aux violences des groupes armés qui terrorisent les habitants.
DW