Royaume-Uni : la ministre de l’Intérieur confirme son départ en pleine tempête pour Liz Truss

British Secretary of State for the Home Department Suella Braverman walks on stage during Britain's Conservative Party's annual conference, in Birmingham, Britain, October 4, 2022. REUTERS/Hannah McKay

C’est un farewell qui pourrait bien avoir un effet domino. Un nouveau poids lourd du gouvernement de Liz Truss au Royaume-Uni claque la porte ce mercredi. Une semaine après le limogeage forcé de Kwasi Kwarteng, ministre des Finances, c’est au tour de Suella Braverman de quitter le navire.

Dans sa lettre de démission, publiée sur Twitter, la ministre de l’Intérieur reconnaît l’«erreur» d’avoir envoyé un document officiel à un «collègue parlementaire de confiance» depuis une adresse personnelle, enfreignant le code ministériel. Et surtout, elle en profite pour glisser une attaque en règle contre le gouvernement conservateur qui n’en finit plus de s’enfoncer. Suella Braverman, 42 ans, a exprimé ses «graves inquiétudes» sur la politique du cabinet Truss qui, selon elle, renonce à ses promesses, notamment sur le dossier migratoire. D’après le Guardian, elle sera remplacée par Grant Shapps, ministre des Transports sous Boris Johnson.

La secrétaire d'Etat britannique Suella Braverman au congrès du parti conservateur à Birmingham, le 4 octobre 2022.

La secrétaire d’Etat britannique Suella Braverman au congrès du parti conservateur à Birmingham, le 4 octobre 2022. 

Un nouveau coup dur pour la Première ministre. Après six semaines à Downing Street, celle qui se posait en nouvelle Thatcher est rejetée par l’opinion, contestée au sein de sa propre majorité comme en témoigne le départ de sa ministre. Elle a surtout été contrainte d’abandonner son programme économique après qu’il a provoqué une tempête sur les marchés financiers. Jusqu’à quand tiendra-t-elle le coup ? Pour l’instant, Liz Truss assure qu’elle ne lâchera pas la barre malgré la tempête. Elle n’a d’ailleurs pas chaviré à la mi-journée ce mercredi face aux questions au Parlement, rendez-vous hebdomadaire qui fait office de test pour sa capacité à rebondir. Sous les huées et les appels à la démission de l’opposition travailliste, elle a défendu mordicus sa politique.

Tout a commencé le 23 septembre avec la présentation du «mini-budget» du ministre des Finances. Les craintes de dérapage des comptes publics avaient fait chuter la livre au plus bas, tandis que les taux d’emprunt à long terme de l’Etat britannique ont flambé. La Banque d’Angleterre avait dû intervenir pour empêcher la situation de dégénérer en crise financière. Avec le limogeage de Kwasi Kwarteng, c’est Jeremy Hunt qui a été nommé pour rectifier le tir, et il semble même avoir pris l’ascendant sur la Première ministre du Royaume. Il a mis en pièces toutes les baisses d’impôts originellement promises tout en agitant le spectre de l’austérité, avertissant sur la nécessité des coupes dans les dépenses publiques alors que l’inflation a dépassé les 10 % au mois de septembre.
L’avenir de Liz Truss au 10 Downing Street ne tient plus qu’à un fil, ou à une dernière vague. Six députés de son parti l’ont déjà publiquement exhortée à partir. Reste à lui trouver un successeur, ce qui ne risque pas d’être chose aisée.

liberation

You may like