Streaming musical : De nouvelles plateformes d’écoute musicale made in Africa

En Afrique, le streaming musical n’est plus un luxe. Grâce à la démocratisation de la consommation des œuvres musicales sur Internet, tous les mélomanes, où qu’ils soient, peuvent, en un seul clic, s’offrir n’importe quelle chanson. En Afrique, si quelques centaines de milliers d’utilisateurs n’utilisaient que Deezer ou Spotify dans les années 2010, désormais, ils sont des millions, chaque jour, à écouter de la musique sur des plateformes digitales 100% africaines.

L’Afrique a l’un des plus forts taux de pénétration de smartphones dans le monde. Il est actuellement de 97% sur le continent et de 128% en Côte d’Ivoire, bien plus important que celui de la France qui est de 99%. Cette percée de l’utilisation d’outils technologiques digitaux sur le continent a des conséquences économiques, sociologiques et culturelles certaines. Elle a notamment un impact sur la consommation de musique. Ce constat n’échappera certainement pas aux nombreux spécialistes du secteur qui se réuniront à Abidjan du 17 au 18 novembre 2022 pour la première édition du Salon des Industries de la Musique d’Afrique Francophone (SIMA). Ces derniers échangeront sur le thème général portant sur les enjeux de la digitalisation pour l’industrie musicale africaine.

Dans plusieurs pays africains, le téléphone ne sert plus qu’à communiquer, il sert aussi à écouter de la musique comme jamais auparavant. Le taux de pénétration et la qualité d’Internet s’améliorant de plus en plus facilitent l’accès des mélomanes à des millions de titres.

Le streaming musical est une véritable révolution et de nombreuses plateformes basées en Afrique offrent une panoplie de services qui contribuent à améliorer la rentabilité et la visibilité de l’industrie musicale. Pour Olivier Laouchez, directeur général de Trace, l’explosion du streaming en Afrique est une opportunité de plus pour les artistes africains de vivre de leur talent et de leur musique au quotidien. L’entreprise s’attèle depuis quelques années à contribuer à cet élan de dynamisme digital: « A Trace, en plus de nos médias musicaux qui touchent plus de 350 millions de fans, nous avons mis en place 3 plateformes digitales : Trace for Artists, JTV Digital et Trace Academia qui proposent aux artistes des solutions d’accompagnement dans cette évolution des modes de consommation et de monétisation de leur musique. » a-t-il déclaré. Olivier Laouchez qui sera présent lors de la 1ère édition du SIMA à Abidjan, a ajouté que « plus de 100 000 artistes en Afrique et dans le monde [avaient] déjà profité de [leurs] médias et services. »

Entre autres plateformes de streaming, comptons Boomplay, filiale africaine du chinois Transsion, deuxième fournisseur de smartphones sur le continent et leader dans l’écosystème musical du continent. L’application a été lancée en 2015 dans des pays comme le Nigeria, le Ghana, le Kenya et en 2022 en Côte d’Ivoire. Avec ses plus de 70 millions d’utilisateurs actifs par mois et 80 millions de chansons, Boomplay participe activement à l’augmentation de la notoriété des artistes africains. La directrice générale en Côte d’Ivoire, Paola Audrey Ndengue, experte des industries créatives sur le continent et panéliste à cette première édition du Salon des Industries de la Musique d’Afrique Francophone (SIMA), a déclaré que l’un des objectifs de son entreprise était de conduire les mélomanes vers la légalité: «L’une des particularités de Boomplay consiste à permettre à nos utilisateurs d’écouter gratuitement de la musique sur notre plateforme. Ce faisant, nous les intégrons dans la consommation légale, sans toutefois les brusquer. »

Essentiellement utilisé dans des pays d’Afrique anglophone, Mdundo, principal concurrent de Boomplay, entend aussi révolutionner le secteur. En juillet dernier, un accord de partenariat a été signé avec Universal Music Group (UMG). Désormais, Mdundo peut proposer à ses utilisateurs les millions de contenus de la Major. « Grâce à ce nouvel accord, le catalogue d’UMG sera disponible pour les 17 millions d’utilisateurs mensuels actifs de la plateforme à travers l’Afrique. Nous sommes d’autant plus ravis que les fans de musique africaine auront un meilleur accès aux plus belles chansons d’artistes de notre continent répertoriées dans notre catalogue inégalé », a déclaré Mamby Diomandé, directeur du Live & Brand à Universal Music Africa et Co-fondateur du SIMA.

De nombreuses autres plateformes locales existantes travaillent à améliorer et à faciliter davantage l’accès aux œuvres musicales. On peut citer entre autres Waw Muzik, Deedo, Coloforl, etc. Pendant cette première édition du SIMA, les experts invités mettront un point d’honneur pendant des panels à présenter les perspectives de développement de ces plateformes de streaming sur le continent.

Les géants mondiaux du secteur tels que Spotify, Deezer ou Apple Music jouent des coudes pour s’octroyer la plus grosse part du marché.

Le suédois Spotify a entrepris une offensive d’implantation assez agressive en Afrique depuis quelques mois. Jusqu’en 2018, il n’était présent que dans 5 pays africains: l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, l’Egypte et l’Afrique du Sud. Désormais, Spotify est présent dans 40 autres pays du continent dont le Nigeria et de nombreux pays d’Afrique francophone comme la Côte d’Ivoire et le Bénin. De 93 pays dans le monde, Spotify sera bientôt implanté dans 178 pays. Cette présence dans ces pays africains est hautement stratégique dans le développement de l’entreprise, quand on sait par exemple que dans un pays comme le Nigeria, l’industrie musicale générera 44 millions de dollars de revenus en 2023 contre 36 millions de dollars en 2019.
L’évolution du streaming musical a avant tout un enjeu économique.

Selon la Fédération internationale de l’industrie phonographique, le streaming musical, au plan mondial, a généré 65% du chiffre d’affaires total du secteur.

Des plateformes de paiement en ligne accompagnent cette belle dynamique de consommation de musique en ligne, en offrant aux mélomanes la flexibilité et l’accessibilité du paiement mobile. Au Nigeria et en Côte d’Ivoire, par exemple, des entreprises comme MTN ou Orange proposent à leurs abonnés la possibilité de télécharger ou d’écouter de la musique via de nombreuses plateformes de streaming. Avec Waw Muzik, Orange Côte d’Ivoire offre à ses abonnés l’opportunité d’écouter en ligne des milliers de chansons à la demande et ce à des prix plus qu’abordables. « Nous avons signé un contrat exclusif avec Waw Muzik, la première application africaine qui couple data Internet gratuite et écoute de musique. Le modèle que nous avons conçu ensemble permet aux consommateurs d’être en mesure de convertir l’achat de leurs données Internet en achat de musique en ligne », a déclaré Habib Bamba, directeur de la Transformation, du Digital et des Médias chez Orange Côte d’Ivoire.

«En Afrique, même si les projections de la digitalisation de la musique sont prometteuses, il faut rester mobilisé car il y a encore des opportunités à saisir», a mentionné Pit Baccardi, artiste, producteur et co-fondateur du SIMA. « C’est pourquoi nous avons dédié de nombreux panels au digital et au streaming pour cette première édition du Salon des Industries Musicales d’Afrique Francophone », a-t-il ajouté.

Les conclusions d’une étude du cabinet français Dataxis montrent que la consommation de musique en ligne dans le monde générera 314 millions de dollars en 2026, contre 70 millions de dollars en 2021. Tous les voyants sont donc au vert. Il faut en profiter.

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