Le Covid augmente significativement le risque de développer des maladies cardiovasculaires, notamment en attaquant le matériel génétique des cellules cardiaques.
Les chercheurs ont étudié du tissu cardiaque collecté lors des autopsies de victimes de Covid (7 patients) ou de grippe (2 patients). Ils ont ensuite analysé le transcriptome (l’ensemble d’ARN messagers, ou transcrits, à un moment donné) de ces tissus, qu’ils ont comparés à ceux de patients contrôle (6 individus), décédés d’autres raisons. Les transcriptomes de ces trois groupes différaient dans la présence ou l’absence de plusieurs transcrits, ce qui permettait d’inférer quels gènes étaient actifs au moment des décès. Et donc quels mécanismes étaient en marche dans le cœur suite aux infections.
Un total de 24 gènes étaient exprimés différemment entre les victimes de Covid et les contrôles. Un groupe de gènes notamment était significativement surexprimé, tous liés à de processus de réparation de l’ADN. Ce qui veut dire que ces patients avec le Covid avaient davantage besoin de réparer leur matériel génétique, mettant en évidence que l’ADN cardiaque était sous attaque à cause du Covid. En revanche, les personnes décédées à cause de la grippe ne présentaient pas ces augmentations, montrant que l’ADN du cœur n’était pas particulièrement en souffrance suite à la grippe, contrairement au Covid-19. Cependant, ces résultats doivent être confirmés par des études plus larges, vu le faible nombre de participants à cette étude (notamment pour les victimes de grippe).
Le Covid augmente le risque de myocardite
Mais cet impact sur le matériel génétique cardiaque pourrait expliquer le taux élevé de problèmes cardiovasculaires observés chez les personnes infectées par le coronavirus, dont on a une idée grâce à une étude de l’Université d’Oxford. Dans celle-ci, les chercheurs ont répertorié tous les cas de myocardites survenus en Angleterre en 2021, en comparant le nombre de ceux causés par le Covid ou par la vaccination contre cette maladie. Leur étude a été publiée le 22 août dans le journal Circulation.
D’un total de 43 millions de vaccinés, moins de 3.000 ont été hospitalisés (ou sont décédés) pour myocardite (0.007% du total), dont uniquement 617 cas pourraient être imputables aux vaccins (car survenant dans les 28 jours après l’injection). Alors que les personnes infectées avant la vaccination avaient 11 fois plus de risque de développer une myocardite dans les 28 jours après l’infection. Après la vaccination (au moins une dose), la probabilité d’avoir cette maladie suite à l’infection au coronavirus était coupée par deux. Même si la vaccination augmente légèrement le risque de myocardite, il restait toujours plus bas qu’après l’infection chez un non-vacciné, sauf pour les deuxièmes ou troisièmes doses du vaccin Moderna.
Le risque de problème cardiaque varie en fonction de l’âge
Ce risque dépend du sexe de la personne ainsi que de son âge. Pour les femmes de moins de 40 ans, l’infection causait 8 cas supplémentaires de myocardite pour un million de femmes contre 7 cas pour la vaccination. Alors que pour celles de plus de 40 ans, il y avait environ 51 cas de trop après l’infection (sans vaccination), contre à peine 3 cas supplémentaires après la vaccination (sans infection).
Chez les hommes, le risque était aussi plus bas après la vaccination qu’après l’infection, même si chez les plus jeunes, cela dépendait du vaccin utilisé. Chez les moins de 40 ans, il y avait entre 4 et 14 cas supplémentaires de myocardite par million d’individus à cause de la vaccination. Moins que les cas supplémentaires après l’infection chez un non-vacciné (16 cas supplémentaires par million). Sauf pour le vaccin de Moderna : 97 cas de trop par million étaient causés après la deuxième ou troisième dose.
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