Énergies renouvelables: Le Maroc pourrait atteindre son objectif 2030 une fois le cadre légal en place (Expert)

Dans le cadre du renforcement et de l’exploitation des énergies renouvelables, le Maroc s’est engagé dans une stratégie énergétique visant l’installation d’une puissance électrique basée sur celles-ci pour une couverture du besoin national à plus de 52 % d’ici 2030. De ce fait, la stratégie ambitieuse du Royaume a pu attirer de plus en plus d’investisseurs étrangers, dont les entreprises espagnoles, vers ce secteur prometteur.

Dans le même contexte, le journal ibérique Invertia a rapporté qu’au moins 10 entreprises espagnoles seront impliquées dans cette activité et participeront à un double événement ICEX au Maroc, et ce à Rabat et à Casablanca. Il sera organisé en collaboration avec les bureaux économiques et commerciaux espagnols situés dans les deux villes citées. Le but de cet événement est d’approfondir la connaissance de ce secteur et d’entretenir des contacts avec les acteurs publics et privés marocains.

« L’augmentation des prix de l’électricité que subissent les groupes industriels marocains est un moment très opportun pour établir ou reprendre un contact direct avec les homologues publics et privés les plus représentatifs du secteur énergétique au Maroc, pour des projets dans le pays ou dans des pays tiers en Afrique », explique José María Blasco, Directeur des Infrastructures, de la Santé et des TIC de l’ICEX au journal espagnol.

La conférence se tiendra le 25 octobre à Rabat, au Bureau économique et commercial espagnol et réunira les principales institutions marocaines de ce secteur, à savoir, MASEN, IRESEN, FENELEC, UNEF et la société marocaine GAIA, tandis que la mission commerciale se déroulera du 26 au 27 octobre et consistera en des rencontres au sein des sièges des entreprises marocaines, situés majoritairement à Casablanca.

Sollicité par Hespress FR à cet égard, le Directeur Général d’Energysium Consulting, Mostafa Labrak, décortique les avancées du Royaume dans ce secteur en indiquant qu’à « fin 2020, le Maroc a atteint seulement 37 % au lieu de 42 % comme objectif dans la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique de la production électrique, et cet objectif est fixé à 52 % pour 2030 » et ajoute ensuite qu’il est « clair que le Maroc a pris du retard dans la réalisation de l’investissement nécessaire pour accélérer la mise en place de la feuille de route qu’il s’est tracée ».

« D’autant plus que la loi 13-09 sur les énergies renouvelables n’a pas été idéalement faite pour permettre le déploiement de ces investissements. Un projet de loi 40-19 (modifiant la loi 13-09) est au parlement pour essayer de répondre à certaines doléances des opérateurs qui veulent investir dans les énergies renouvelables », souligne-t-il.

Selon l’avis de l’expert qui se dit optimiste, « ce qui a un écho favorable aux opérateurs pour tout futur investissement est la décision N° 2138.22 du 29 juillet 2022 du ministère de la transition énergétique et Développement durable relative aux zones pouvant abriter des centrales de production privées d’électricité solaire ». Pour Labrak, une décision d’une telle importance « était attendue pour permettre aux producteurs indépendants de bancariser leurs projets en fonction du foncier, entre autres, et des choix de l’investissement, ce qui leur donne une meilleure visibilité ».

Toutefois, pour pouvoir davantage réaliser un avancement rapide de ces projets, le DG insiste sur le rôle de l’Agence Nationale de la Régulation de l’Électricité (ANRE), qui « se doit de publier les tarifs régimentaires reconsidérés pour permettre à ces producteurs indépendants de compléter leurs études et lancer les ouvrages avec plus d’intérêt ».

En outre, le ministère de la transition énergétique et du Développement durable « doit sortir le plus tôt possible la loi sur l’autoproduction, objet d’un projet de loi 82-21 toujours dans les coulisses du parlement », et ce pour compléter le cadre réglementaire, signale notre interlocuteur. Et d’ajouter que « cette loi va permettre à chacun, surtout les entreprises, de produire leur propre électricité et même de la vendre au gestionnaire de Réseau électrique en cas de surplus ».

Il poursuit ainsi que « le Maroc n’a d’autre choix que d’accélérer les investissements locaux ou internationaux » dans le secteur des énergies renouvelables afin de pouvoir « alléger sa facture énergétique qui a atteint des records avec la hausse vertigineuse des prix des matières énergétiques 100 % importées ».

Quant aux entreprises espagnoles, Labrak affirme qu’elles ont certainement constaté que « c’est le moment d’étudier les projets potentiels qui peuvent les intéresser » surtout avec « ces mouvements sur le côté réglementaire ». Pour conclure, l’expert dans le domaine de l’énergie précise que le Royaume pourrait atteindre son objectif pour 2030, « une fois le cadre légal bien en place ».

hespress

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