Le 38e congrès international Ectrims entièrement consacré à la sclérose en plaques démarre le 26 octobre 2022 à Amsterdam et accueille 8.500 neurologistes du monde entier. Il accordera une place importante à la recherche de biomarqueurs de la maladie, tant radiologiques que sanguins. Tous contribueront à terme à mieux diagnostiquer la maladie et son degré d’activité, orienteront le choix des traitements et en évalueront l’efficacité.
Sclérose en plaques (SEP). Trois lettres pour une maladie encore bien mystérieuse que la médecine ne sait toujours pas guérir. Mais ces dernières années, la prise en charge de cette affection qui évolue le plus souvent au cours du temps par poussées a radicalement changé, le voile se levant progressivement sur ses fins et complexes mécanismes moléculaires, bien que son origine reste à ce jour inconnue.
8.500 neurologues venus d’une centaine de pays à travers le monde
Tout à la fois auto-immune et neurodégénérative, la maladie qui concerne 100.000 personnes en France (dont 75% de femmes, un fait également inexpliqué) sera en tout cas pour les trois jours à venir au cœur des débats du 38e congrès européen, l’Ectrims (European Committee For Treatment And Research In Multiple Sclerosis), le plus important congrès scientifique consacré à cette maladie, première cause de handicap sévère non traumatique chez les jeunes adultes.
Après deux ans de pandémie, les 8.500 neurologues venus d’une centaine de pays à travers le monde sont évidemment ravis de pouvoir enfin se réunir en direct et échanger du 26 au 28 octobre 2022 autour de près des 1.500 abstracts (résumés des études scientifiques) proposés.
Un programme riche qui fera cette année la part belle aux stratégies de recherche, de neuroprotection et de remyélinisation, le challenge ultime. Car pour mémoire, la SEP, c’est avant tout une maladie de la myéline, la gaine qui recouvre les axones, les prolongements des neurones. Ici, elle est peu à peu détruite par les propres cellules immunitaires du patient, ses lymphocytes B et T. Or, c’est elle qui assure la rapidité de la conduction de l’influx nerveux. Si elle est endommagée, la communication entre le cerveau et les organes périphériques est perturbée et, à terme, les neurones, fragilisés, meurent ensuite progressivement.
Des biomarqueurs pour mieux évaluer l’efficacité des traitements
Mais en attendant de pouvoir réparer les neurones, le défi reste aujourd’hui face à chaque malade, de personnaliser au mieux les traitements pour parvenir à faire le bon choix de la bonne molécule au bon moment. C’est à ce niveau qu’interviennent « les recherches sur les biomarqueurs, tant radiologiques que sanguins, seront particulièrement d’actualité lors de ce 38e congrès », prévoit le Dr Bernard Uitdehaag, neurologue (Amsterdam) et responsable du comité scientifique de l’Ectrims. Différents travaux seront en effet présentés dans les jours à venir pour ces biomarqueurs tant diagnostic que de suivi de la maladie qui permettront à terme de mieux repérer la maladie, de détecter plus tôt les poussées ou encore de mieux choisir les traitements et aussi d’en évaluer l’efficacité.
Déjà des pistes se dessinent. Exemple en radiologie avec le couplage de l’IRM et de la tomographie par émission de positons, selon l’axe de travail d’une équipe de l’Institut du cerveau (Paris), celle dirigée par les Prs Catherine Lubetski et Bruno Stankoff. Tout récemment publiée dans la revue Neurology, neuroimmunology and neuroinflammation, elle démontre que certaines structures cérébrales, les plexus choroïdes, sont plus volumineux chez des patients pré-symptomatiques que chez des sujets sains, ce qui suggère que la mesure de ces structures puisse aider au diagnostic précoce. Reste encore à démontrer la spécificité de cette augmentation de taille dans la SEP.
Une innovation pour que les patients atteints de sclérose en plaques soient bien informés
Pour les biomarqueurs sanguins, il s’agit par exemple du dosage des neurofilaments. Soit la protéine dite NFL (pour neurofilament light chain, chaîne légère des neurofilaments), issue des cellules nerveuses et marqueur de la mort des neurones. En pratique, son élévation indique une phase active de la SEP mais de nombreux autres travaux sont à l’étude et seront présentés pendant le congrès.
A noter en tout cas pour 2022 une innovation de poids, elle, très concrète : « une diffusion quasi simultanée des recommandations vers les associations pour que les patients puissent avoir au plus vite accès aux plus récentes données », insiste le Pr Mar Tintore, future présidente de l’Ectrims et neurologue à l’université Val d’Hebron (Barcelone). Soit en pratique, 24 heures après la fin du congrès et en six langues.
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