Bon ou mauvais pour la santé ? La recherche à ce sujet est si abondante et parfois contradictoire – par exemple pour la viande rouge – que des scientifiques ont imaginé un système classant les travaux en fonction de leur fiabilité.
En revanche, près de deux tiers des liens supposés entre un facteur de risque et sa conséquence pour la santé ont recueilli seulement une ou deux étoiles, selon cette méta-étude publiée lundi 10 octobre 2022 dans Nature Medicine. Autrement dit, leur validité scientifique est pour le moins sujette à caution. Les amateurs de grosses quantités de viande rouge non transformée, passée ou pas par un barbecue, seront rassurés d’apprendre que les études affirmant qu’ils ont un plus grand risque d’arrêt cardiaque méritent seulement une étoile. Et que celles établissant un lien entre ce genre de régime et le cancer du côlon ou du sein, ou encore les maladies ischémiques (insuffisance d’alimentation du sang à un organe) ou le diabète, font à peine mieux, avec deux étoiles.
Christopher Murray, directeur de l’IHME et un des principaux auteurs de l’étude, s’est dit « surpris de la relative faiblesse des relations entre un risque et ses conséquences en matière de régime alimentaire ». Le travail de l’IHME a été motivé par le constat que « tout le monde suit la dernière étude en date » sur un sujet, alors même que parfois les résultats touchant ce sujet « vont d’un extrême à l’autre » au fil du temps, a-t-il déclaré dans une conférence de presse.
Passer de un à quatre légumes par jour réduit de 23% le risque d’incident cardiaque ischémique
Pour attribuer ses étoiles, l’IHME a revu les études sur un sujet donné, déterminé leur cohérence, avant de se demander quelle est l’interprétation la plus sûre du lien présenté, explique Christopher Murray. Les scientifiques ont par exemple cherché le lien entre la consommation de légumes et une variété de pathologies, en s’appuyant sur cinquante études concernant un total de 4,6 millions de participants de 34 pays.
Passer de un à quatre légumes par jour réduit de 23% le risque d’incident cardiaque ischémique, selon des études qui reçoivent trois étoiles, indique un épidémiologiste de l’IHME, Jeffrey Stanaway. Les études établissant un lien entre cette consommation et le diabète de type 2 n’ont, elles, reçu qu’une étoile.
Des experts indépendants ont trouvé la recherche intéressante tout en mettant en garde contre le risque de simplification de ses conclusions. « Beaucoup de choses sont inévitablement perdues » quand des études complexes sont résumées à un classement de cette sorte, avertit Kevin McConway, statisticien à l’Open University britannique.
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