La musique peut changer notre vie : c’est le message transmis par Sinfonía por el Perú, une initiative de Juan Diego Flórez. Chez lui, au Pérou, la star de l’opéra offre à des milliers d’enfants, un enseignement gratuit de la musique. Aujourd’hui, il emmène même l’Orchestre des jeunes au Festival de Salzbourg.
Améliorer la vie des enfants du Pérou, c’est la mission que s’est donné Juan Diego Flórez. Le ténor de renommée internationale est le fondateur de Sinfonía por el Perú, un programme d’enseignement de la musique destinée aux enfants les plus défavorisés du Pérou. Il donne à des milliers d’enfants, la possibilité d’apprendre à jouer d’un instrument ou à chanter dans un chœur.
« Quand j’ai décidé de créer Sinfonía por el Perú, j’avais un rêve : celui d’aider les garçons et les filles défavorisés au Pérou, de leur trouver un espace où ils se sentent en sécurité et où ils puissent s’épanouir, accéder à l’éducation et acquérir des valeurs qui leur serviront dans la vie, » précise le ténor péruvien avant d’ajouter : « Aujourd’hui, je vois dans la musique, un moyen de changer le monde, d’améliorer la société, de rendre le monde meilleur. »
« La musique l’a aidé à se débarrasser de ses peurs »
Gabriel Vera Correa vit à Lima. Il fait partie des bénéficiaires de l’initiative. La vie n’a pas toujours été facile pour cet adolescent de quinze ans, mais la musique lui a donné un but.
« J’ai toujours aimé la musique et j’ai toujours voulu apprendre un instrument ou le chant, » explique-t-il. « À l’époque, je pensais choisir le violon, mais j’ai découvert l’alto et je suis tombé amoureux de cet instrument, » confie-t-il. « Mes moments préférés, c’est quand je suis avec Sinfonía parce que cela me rend heureux tout simplement : je suis reconnaissant envers la vie parce que j’apprends à jouer d’un instrument, » dit-il.
« Je suis sa première fan, » confie sa mère Nelly Mercedes Vera Correa, dans un sourire. « La musique l’a aidé à se débarrasser de ses peurs, à avoir davantage confiance en lui, à sentir que tout ce qu’il voulait accomplir, il allait l’accomplir, » se félicite-t-elle. « Il était harcelé l’école parce qu’il était potelé :il y avait des enfants qui jetaient son sac à dos à la poubelle, » raconte-t-elle.
Gabriel joue aujourd’hui, de l’alto au sein de l’Orchestre des jeunes de Sinfonía por el Perú. Lors d’une répétition, il a la chance de pouvoir demander à Juan Diego Flórez ce qu’il faut faire selon lui pour devenir musicien professionnel. Le ténor lui répond : « Beaucoup pratiquer, avoir de la chance et être persévérant. » Un conseil que l’adolescent retiendra certainement alors qu’il aspire à faire des études supérieures dans le domaine de la musique.
« Des résultats incroyables » au niveau des enfants et des familles
Le célèbre ténor se rend fréquemment dans son pays natal où il reçoit un accueil digne d’une rock star, en particulier dans les nucléos, les nombreuses écoles de musique créées dans le cadre du programme, où les enfants s’exercent parfois, plusieurs heures par jour.
« Sinfonía a des répercussions extraordinaires, merveilleuses, » affirme Luis Castillo, coordinateur des núcleos et professeur de musique au sein de Sinfonía por el Perú. « Chez les enfants, on voit un changement dans leur comportement et cela touche tous les aspects de leur développement, non seulement dans leur pratique de la musique, mais aussi au sein de leur famille ; il y a un impact sur la famille et sur la société, » indique-t-il.
Une étude récente a aussi montré que l’initiative permet aux enfants de renforcer considérablement leur confiance en eux et leur créativité, mais aussi d’améliorer leurs résultats scolaires.
« Cette première étude a fait état de résultats incroyables, » précise Juan Diego Flórez. « La prévalence du travail des enfants a été réduit de 90%, évidemment, puisqu’ils étaient au sein des núcleos en train de jouer de la musique ! » fait-il remarquer. « Il s’avère aussi que les parents sont moins violents envers les enfants etque ces derniers voulaient faire des études universitaires, » constate-t-il.
« J’ai appris le travail en équipe, cela m’a aidée à avoir des responsabilités, à prendre conscience que je dois être organisée et à respecter un emploi du temps et puis, cela m’a donnée la passion de la musique, » indique-t-elle. « C’est ce que je veux faire de la vie : jouer dans un orchestre et être musicienne professionnelle, » dit-elle.
Diana joue elle aussi dans l’Orchestre des jeunes de Sinfonía por el Perú que seuls les meilleurs élèves des différentes écoles de musique peuvent intégrer.
Un concert de « rêve » avec Juan Diego Flórez à Salzbourg
Les membres de cet Orchestre s’apprêtent à réaliser un rêve. Cet été, Juan Diego Flórez les emmène dans une aventure extraordinaire : ils vont donner un concert aux côtés du ténor péruvien au plus important festival de musique classique du monde à Salzbourg.
« C’est formidable d’être aux côtés des enfants de Sinfonía por el Perú, de l’Orchestre de jeunes, de travailler avec eux, de répéter très dur à leurs côtés pour la tournée que nous faisons en Europe, en particulier pour le Festival de Salzbourg. Je suis tellement heureux d’être à leurs côtés, » confie le ténor, ému.
Le concert donné en juin dernier au Gran Teatro Nacional de Lima a valeur de dernier test avant le grand départ. La perspective du concert à Salzbourg est une source de stress. « On a le trac, mais en même temps, on est très content de faire ce concert, » reconnaît Diana. « Le concert de Salzbourg est tellement important pour l’Orchestre parce que c’est la première fois qu’ils voyageront pour de vrai en tant qu’orchestre, » renchérit Juan Diego Flórez.
« Le fait de savoir que Mozart a vécu là-bas et que c’est le berceau de la musique et de pouvoir me promener dans ces petites rues, » avoue la jeune Diana, « je ne peux pas vous décrire ce que je ressens… »
Pour bon nombre de ces jeunes musiciens, c’est la première fois qu’ils se rendent en Europe. Pour le violoniste Diego Manrique, « c’est un rêve que tous les enfants qui participent à Sinfonía por el Perú aimeraient vivre et d’une certaine manière, on les représente tous. »
« Quand ils jouent dans un orchestre, » renchérit Juan Diego Flórez, « ils se disent : « Je suis quelqu’un, je suis reconnu. » Imaginez ces enfants qui maintenant, disent : « On l’a fait ! Tout est possible ! »
Dans notre prochaine édition de Musica publié en octobre, nous suivrons Diana et ses amis lors de leur concert au légendaire Festival de Salzbourg.
euronews