Le 4 novembre à l’Assemblée nationale, le député RN Grégoire de Fournas a provoqué un incident avec une intervention raciste.
POLITIQUE – Carlos Martens Bilongo a reçu « beaucoup de messages de soutien mais aussi beaucoup d’insultes » depuis la sortie raciste du député RN Grégoire de Fournas à l’Assemblée et se dit « partagé entre joie et tristesse » dans une interview au Parisien lundi 7 novembre.
« Je suis triste de ce qui m’est arrivé. Cela blesse des gens de France et des personnes du monde entier. (…) C’est une insulte qui vient faire mal à tout un continent, puisque le continent africain est visé », confie le député du Val-d’Oise. Il se dit aussi cible, depuis jeudi, d’« insultes de tous les noms ». « Ce sont eux (les élus du RN, NDLR) qui font les télés. Ils ont les grosses brigades sur les réseaux sociaux », souligne-t-il.
Selon franceinfo, le député envisage de déposer plainte, aussi bien contre les auteurs des messages racistes que contre certaines chaînes de télévision où circulent de fausses informations le concernant.
L’insulte de Grégoire de Fournas, pendant les questions au gouvernement, a provoqué une suspension de séance et a fait réagir jusqu’au sommet de l’État. Mais Carlos Martens Bilongo s’interroge : « Je suis député, cette scène a été captée en vidéo, qu’est ce qui se passe si ce n’est pas le cas ? C’est parole contre parole et encore une fois, je suis quoi ? Je suis un indigène. La parole des autres vaut une voix et la mienne 0,5. »
« J’ai tout de suite compris »
En guise de défense, Grégoire de Fournas a affirmé que son intervention raciste – « Qu’il(s) retourne(nt) en Afrique » – ne visait pas le député mais faisait référence au bateau de sauvetage de migrants SOS Méditerranée en quête d’un port.
Ce que Carlos Marten Bilongo dément. « Si c’était juste le bateau, il aurait dit c’est moi » lorsque la présidente de l’Assemblée nationale a posé la question. « Je suis en fait choqué. Il y avait déjà un brouhaha et cette phrase a été prononcée à un moment où je laissais un blanc. On l’a donc entendue en écho. (…) Je suis resté stoïque, digne par rapport à mon éducation, par rapport au fait que je suis député et que je dois donner l’exemple», raconte l’élu.
Cette sortie raciste n’est d’ailleurs pas la première à laquelle il doit faire face. Dans Le Parisien, Carlos Martens Bilongo raconte uns scène d’un entretien d’embauche au cours duquel il a été victime de discrimination. « Dans la salle, nous étions plusieurs candidats, on demande Carlos et quand je dis c’est moi, on me dit : Vous êtes sûr ? Je ne vous voyais pas comme ça. Et, en termes de statistique, les entretiens où on m’a posé cette question-là, on ne m’a jamais pris », raconte-t-il, regrettant que parfois lors de ces déplacements d’élu, il y ait une question sur ses origines. « En général, je réponds que je suis breton. Pourquoi me pose-t-on ce genre de questions à moi ? », déplore-t-il.
À l’unanimité – à l’exception des élus RN – les députés ont voté pour la plus sourde sanction possible à l’encontre de Grégoire de Fournas : quinze jours d’exclusion et deux mois de retenue partielle de son indemnité.
huffingtonpost