Une société française a mis au point un ordinateur quantique, baptisé Mosaiq, disponible via le cloud à ses clients, des acteurs du monde industriel ou académique. Une première en Europe.
Ses clients sont des industriels qui travaillent dans le secteur de l’énergie, la logistique, la chimie et la finance. La société française Quandela, qui compte à son conseil scientifique le récent Nobel Alain Aspect, est la première, en Europe, à mettre sur le marché une plateforme cloud connectée à un ordinateur quantique. Et ainsi sa puissance de calcul.
Il faut passer par le cloud pour utiliser l’ordinateur quantique Mosaiq
L’unique exemplaire de Mosaiq – c’est le nom de cette machine – est situé dans les locaux de Quandela à Massy, en région parisienne. Mais il est possible de le faire fonctionner à distance via un passage par le cloud. « Nous sommes un acteur complet du calcul quantique, explique à Sciences et Avenir Marine Xech-Gaspa, chief of staff du directeur général et co-fondateur de Quandela, Valérian Giesz. Nous fabriquons l’ordinateur quantique : c’est le hardware, la machine en tant que telle, baptisée donc Mosaiq. Mais nous travaillons également sur le software et avons mis au point Perceval, un logiciel de simulation et de programmation quantique ». C’est parce qu’il est mis à la disposition de ses clients sur le cloud que Perceval permet à Quandela d’ouvrir pour la première fois les portes du quantique en Europe.
Le puissance du dispositif vient d’être testée pendant un hackathon. Les programmateurs étaient répartis par équipes et soumis à des challenges proposés par les partenaires industriels de Quandela tel Thales. L’un des défis consistait par exemple à écrire un programme qui puisse gérer une flotte de drones en zone urbaine. Ce type d’événement constitue « une prise en main, les acteurs qui appréhendent les outils quantiques le plus rapidement possible sont ceux qui pourront bénéficier le plus rapidement de leurs avantages », commente Marine Xech-Gaspa. Les pionniers du domaine testent ainsi de vraies machines pour être petit à petit plus efficace.
Une nouvelle étape dans la cybersécurité
Y a-t-il par ailleurs des opérations auxquelles donne accès l’ordinateur quantique et qui sont inaccessibles sans lui, ou en tout cas moins performantes ? « La génération de nombres aléatoires, répond Marine Xech-Gaspa. Nous faisons tourner un programme de génération de nombres aléatoires certifiés par la mécanique quantique sur un processeur à 2 qubits. Cette opération est avantageuse parce qu’elle n’est pas réalisable autrement ».
Pareil programme constitue une solution de cybersécurité, puisque ce code permet d’augmenter la qualité de cryptage des informations. « C’est la meilleure sécurisation des systèmes, reprend la spécialiste. Elle peut intéresser des gros acteurs qui ont besoin de protéger leurs données ». Les gestionnaires des hôpitaux français, récemment cibles de cyberpiratage, ne devraient pas être insensibles à de tels arguments. Mais l’Etat pourra-t-il payer aux blouses blanches l’accès à la sécurité quantique ?
Un ordinateur quantique « photonique »
« Pour faire un ordinateur quantique, plusieurs technologies sont possibles, explique Marine Xech-Gaspa. Les supraconducteurs, les ions piégés, les atomes froids… Notre technologie est basée sur le photon, particule élémentaire de lumière. Cela veut dire que nos qubits sont photoniques. L’avantage, c’est que le photon n’a pas de masse ni de charge. Cette particularité lui permet de conserver l’information quantique de façon quasiment infinie. Autre avantage, les processeurs peuvent être très facilement interconnectés entre eux, via des fibres optiques. Cela permet de faire des matériaux qui ont des tailles adaptées ». Scientifiques, industriels et entreprises peuvent accéder à plusieurs processeurs photoniques pour des calculs allant jusqu’à 5 qubits photoniques. Et demain ? Quandela vise 12 qubits disponibles en ligne fin 2023. Chaque qubit photonique supplémentaire double la puissance de calcul de l’ordinateur quantique.
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