A la COP27, les peuples autochtones rappellent le respect de la nature

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Le président de la Fédération du peuple Huni Kui au Brésil, Ninawa Inu Huni kui Pereira Nunes, prend part à une manifestation à Charm el-Cheikh, lors de la conférence sur le climat COP27

A Charm el-Cheikh, dans la foule de délégués en costumes sombres ou de militants en T-shirt unis, ils sortent du lot: en habit traditionnel, les représentants des peuples autochtones alertent sur le changement climatique à la COP27 dans un tourbillon de couleurs.

« Je porte la voix de la forêt et de toutes les espèces vivantes de l’Amazonie », affirme à l’AFP le guérisseur et militant, le visage peint de rouge, car « chaque plume et chaque collier représente une âme de la forêt ».

Et il les arbore partout avec lui, comme un rappel aux 40.000 participants au sommet de l’ONU sur le changement climatique, car, accuse-t-il, « nos peuples n’ont jamais été évoqués dans les négociations de la COP27 ».

– « La terre, l’eau, le feu » –

Le président de la Fédération du peuple Huni Kui à Acre au Brésil, Ninawa Inu Huni kui Pereira Nunes, lors d'une manifestation à Charm el-Cheikh à l'occasion de la conférence sur le climat COP27 le 12 novembre 2022 (AFP - JOSEPH EID)
Le président de la Fédération du peuple Huni Kui à Acre au Brésil, Ninawa Inu Huni kui Pereira Nunes, lors d’une manifestation à Charm el-Cheikh à l’occasion de la conférence sur le climat COP27

« Je porte ces plumes car je suis un chef mais aussi parce que les oiseaux qui nous donnent ces plumes nous protègent », ajoute-t-il.

Et de la protection, son peuple en a besoin: il est en première ligne face à la déforestation, qui a augmenté de 75% par rapport à la décennie précédente sous le mandat du président brésilien sortant Jair Bolsonaro.

Depuis, l’Amazonie, longtemps précieux « puit de carbone », émet désormais plus de CO2 qu’elle n’en absorbe.

Tous ces sujets, le cacique Ninawa aurait aimé en parler au maximum de gens possibles, comme lors des COP précédentes. Mais cette année, en Egypte, un pays où manifester est interdit et où les militants du climat se disent limités dans leurs actions, il est frustré.

« Dans les autres pays, on a pu manifester dans les rues et parler à plein de gens. Ici, on ne peut défiler que dans la Zone bleue », le périmètre du complexe de la COP27 dédié aux négociations.

Des militants du climat se rassemblent avec des pancartes portant des slogans en espagnol et en anglais lors d'une manifestation le 15 novembre 2022 devant le Centre international des congrès de Charm el-Cheikh à l'ocacsion de la conférence sur le climat COP27 (AFP - Mohammed ABED)
Des militants du climat se rassemblent avec des pancartes portant des slogans en espagnol et en anglais lors d’une manifestation le 15 novembre 2022 devant le Centre international des congrès de Charm el-Cheikh à l’ocacsion de la conférence sur le climat COP27

Juan Calvin, lui aussi, est là pour rappeler que « les gouvernements ne peuvent pas prendre de décisions sans notre accord ».

Sous son couvre-chef imposant, blanc brodé de mille couleurs, ce Mapuche de Patagonie, dans le sud du Chili, veut obliger le monde à préserver « les identités des peuples autochtones et leurs droits à la terre et aux ressources ».

Et ce, en habits traditionnels, car « ils racontent notre relation avec la terre, l’eau et le feu », explique-t-il à l’AFP.

– « Relier les hommes » –

D’un côté, « en portant nos habits traditionnels, nous nous rappelons de nos ancêtres qui se sont battus pour préserver notre identité », dit-il.

Et de l’autre, ajoute-t-il, « ces vêtements, comme les outils traditionnels » fabriqués à partir de plumes, de pelages ou d’os d’animaux, « rappellent aux hommes et aux femmes de la société contemporaine ce à quoi ils sont réellement reliés et c’est comme cela que nous allons leur faire prendre conscience de l’importance de la question climatique ».

C’est aussi d’un oiseau de l’Amazone que Gloria Ushigua a tiré sa coiffe: sur son front, un bandeau blanc orné de symboles colorés tient une longue plume orange dressée au-dessus d’un collier de fleurs qui lui tombe sur l’épaule.

Manifestation des militants du climat le  12 novembre 2022 à Charm el-Cheikh lors de la conférence sur le climat COP27 en Egypte  (AFP - JOSEPH EID)
Manifestation des militants du climat le 12 novembre 2022 à Charm el-Cheikh lors de la conférence sur le climat COP27 en Egypte 

Militante célèbre et régulièrement menacée dans son pays, l’Equateur, elle défend le peuple Sápara et son territoire dans la forêt amazonienne, convoité par des exploitants attirés par le pétrole de son sous-sol.

A Charm el-Cheikh, elle porte sa tenue traditionnelle, la « llanchama », une robe de l’Amazonie équatorienne. « On a grandi dans ces habits », raconte-t-elle à l’AFP.

C’est déjà dans ces habits qu’elle dit avoir « défendu (sa) culture et (son) peuple » contre les grands projets de forage et de déforestion.

Et dans ces mêmes habits qu’elle entend cette fois-ci, « forcer les participants à la COP27 à respecter les peuples autochtones ».

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