Réclamant une hausse de leur rémunération, les infirmières britanniques se mobiliseront les 15 et 20 décembre, une première en 106 ans. Au Royaume-Uni, les débrayages se multiplient dans de nombreux secteurs.
Des délais d’attente de traitements qui s’allongent, des pénuries de personnel, un sous-financement chronique… Au Royaume-Uni, le système public de santé est à bout. Conséquence, les infirmières britanniques vont se mettre en grève les 15 et 20 décembre, un mouvement inédit en 106 ans.
Cette mobilisation intervient après que le gouvernement a refusé de revaloriser les salaires de 5 % au-dessus du niveau de l’inflation.
« Les infirmières en ont assez », a résumé Pat Cullen, la secrétaire générale du syndicat Royal College of Nurses (RCN). « Assez des bas salaires, (…) assez de ne pas pouvoir donner aux patients les soins qu’ils méritent. »
Selon des estimations, le salaire réel des infirmières a chuté de 20 % depuis 2010, notamment en raison de l’actuelle crise du coût de la vie, avec une inflation supérieure à 11 %. Le salaire annuel d’une infirmière débutante est de 27 000 livres bruts (31 400 euros).
Mais pour le ministre de la Santé Steve Barclay, « c’est une période difficile pour tout le monde » et le gouvernement ne peut pas répondre aux demandes « inabordables » du RCN, qui « représentent une augmentation salariale de 19,2 % ».
Les nombreux problèmes de la NHS
Quelque 7,1 millions de personnes sont dans l’attente d’un traitement dans le pays, un record.
La crise économique s’ajoute déjà à une série de problèmes auxquels fait face depuis des années la National Health Service (NHS), institution créée en 1948 et financée par l’impôt. Car le système, qui coûte 190 milliards de livres par an (221 milliards d’euros) et emploie 1,2 million de personnes rien qu’en Angleterre, est depuis longtemps sous-financé.
NHS England doit ainsi combler 130 000 postes, dont 12 000 docteurs en hôpitaux et 47 000 infirmières. Les infirmières sont censées s’occuper de quatre patients par garde mais on leur demande parfois le double tout en alternant horaires de jour ou de nuit.
Selon les experts de la santé, la crise est exacerbée par 12 années de restrictions budgétaires sous les gouvernements conservateurs successifs, ainsi que par le Brexit (de nombreux soignants venant de l’UE) et la pandémie, qui a retardé les soins non urgents.
Des débrayages dans plusieurs secteurs
La crise du coût de la vie liée à l’inflation record au Royaume-Uni a été à l’origine de nombreux mouvements sociaux dans tous les secteurs, des transports à la justice en passant désormais par la santé.
En Écosse, les enseignants étaient en grève jeudi pour réclamer des augmentations. Des salariés des universités ont également arrêté de travailler jeudi et vendredi, un mouvement qui a touché environ 2,5 millions d’étudiants.
Les postiers ont prolongé leur mouvement de grève jusqu’à 2023, ce qui pourrait affecter la distribution du courrier et des colis pendant la période des fêtes de fin d’année.
Les transports sont également concernés. Le métro londonien a été paralysé par un mouvement très suivi le 10 novembre. Les cheminots ont annoncé plusieurs journées d’action d’ici la fin de l’année et la première semaine de janvier. Des fonctionnaires ont eux aussi annoncé un mouvement social.
« Les dernières grandes grèves remontent aux années 70 et 80, mais elles touchaient alors principalement le secteur privé et l’industrie. Là, c’est surtout le secteur public », a expliqué à l’AFP Pippa Catterall, professeure d’histoire à l’université de Westminster, elle-même gréviste.
Reuters