Il faut un certain laps de temps avant que le moteur s’arrête totalement.
Nos organismes sont-ils pleinement dépourvus de vie une fois notre mort actée? La réponse est clairement négative, comme le raconte Discover Magazine, qui s’intéresse aux premiers instants de nos corps sans vie.
Cette réflexion nécessite de définir ce qu’est la mort. En France, le code de la santé publique explique que «si la personne présente un arrêt cardiaque et respiratoire persistant, le constat de la mort ne peut être établi que si les trois critères cliniques suivants sont simultanément présents: absence totale de conscience et d’activité motrice spontanée, abolition de tous les réflexes du tronc cérébral, absence totale de ventilation spontanée». La définition adoptée (à quelques micro-variations près) par les cinquante États américains, citée par Discover, est du même acabit.
Cela pousse à se demander si certains éléments continuent à fonctionner malgré la cessation d’activité du cœur, des poumons et du cerveau. Sans ce dernier, la respiration s’arrête, tout comme la régulation de la pression sanguine. En revanche, le cœur et le système gastro-intestinal restent un temps en action, ce qui a pour effet de permettre aux foie et aux reins de poursuivre leur activité jusqu’à ce qu’ils soient privés de sang.
Mort mais pas éteint
Même lorsque la pression sanguine est proche du zéro, c’est-à-dire qu’il n’y a presque plus aucune circulation sanguine, un électrocardiogramme pourrait montrer que l’activité électrique est toujours active pendant un temps. Et si on manque encore de certitudes concernant ce qui se produit au niveau du cerveau lorsque la mort est d’origine cardiaque ou pulmonaire, il semble que ce qui reste de pression sanguine et de réflexe respiratoire peut permettre aux neurones de continuer à fonctionner de façon éphémère. Alors l’activité du cerveau diminue progressivement, jusqu’à l’extinction complète et définitive.
C’est durant les quelques minutes qui suivent la mort que le don d’organes peut être décidé et pratiqué, puisque, comme l’affirme Eelco Wijdicks, neurologue et auteur d’un ouvrage intitulé Brain Death, «le cœur fonctionne, il n’est pas “mort mort”». Mais en cas de décès d’un patient ou d’une patiente dont le cœur peut être transplanté, le personnel médical laisse en tout cas passer un délai d’environ cinq minutes avant de s’atteler à la suite des opérations, afin de s’assurer que le cerveau ait totalement cessé de fonctionner.
Quant aux mouvements que l’on observe parfois chez certaines personnes pourtant déclarées mortes quelques minutes plus tôt, ils ne résultent que d’un ultime sursaut d’activité de la moelle épinière. Un bras qui se lève, une main qui se contracte ou un léger soubresaut ne doivent donc pas être interprétés comme des signes de vie après la mort ou de résurrection. Plus de vingt-quatre heures après que des patients et patientes ont été déclarés en état de mort cérébrale, souligne Discover Magazine, on peut même noter la présence d’une réponse moteur.
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