Le mouvement de Marine Le Pen présentera dans l’hémicycle en janvier plusieurs propositions de loi déjà défendues par les insoumis comme la réintégration des soignants non-vaccinés ou adoptés par le Sénat sur les victimes de violences conjugales. De quoi contraindre les députés à l’équilibrisme.
Brasser large et montrer que le Rassemblement national veut agir sur des sujets qui dépassent ses fondamentaux, quitte à piéger les oppositions. Marine Le Pen a dévoilé ce mardi matin les propositions de loi que son parti présentera dans l’hémicycle le 12 janvier prochain lors de sa niche parlementaire.
Ce dispositif constitutionnel permet aux groupes d’oppositions d’avoir la main sur l’agenda de l’Assemblée nationale de façon régulière. Cette opportunité de faire entendre son agenda politique reprendra des classiques du mouvement. À commencer par la présomption de légitime défense pour les membres des forces de l’ordre, déjà contenu dans le programme présidentiel de l’ancienne candidate à l’Élysée.
Le groupe RN reprend également à son compte la proposition de La France insoumise pour réintégrer les soignants non-vaccinés contre le Covid-19. Portée par la députée Caroline Fiat le 25 novembre dernier, à l’issue d’une séance très houleuse, les parlementaires n’avaient pu aller au bout de l’examen du texte.
Alors qu’ils n’ont que jusqu’à minuit le jour de leur niche parlementaire pour convaincre les collègues, Marine Le Pen pourrait être tentée de la présenter en début de séance. De quoi donner des sueurs froides au gouvernement qui s’y oppose tandis que le LR, le RN et une partie de la Nupes y sont très favorables.
« Bon courage aux députés qui rejettent l’aide aux femmes battues »
Le mouvement de Marine Le Pen veut également porter d’autres textes jugés très consensuels comme celui créant « une aide universelle d’urgence pour les victimes de violences conjugales ». Adoptée à l’unanimité par le Sénat et portée par la sénatrice UDI Valérie Létard, cette proposition avait tout d’une aubaine pour un parti en quête de notabilisation.
Consciente du piège tendu, la conférence des présidents qui se réunissait pendant le point presse de Marine Le Pen a finalement proposé d’inscrire ce texte la semaine du 16 janvier, permettant à la majorité présidentielle de la reprendre à son compte.
Autre proposition qui veut transcender les clivages politiques: celle défendue par Laure Lavalette qui veut étendre le « droit de visite des parlementaires » aux établissements sociaux et médico-sociaux, comme c’est le cas pour les prisons. Dans le viseur: les Ehpad, après le scandale du livre Les Fossoyeurs de Victor Castanet qui pointait du doigt la maltraitance dans les maisons de retraite d’Orpea, l’un des géants du secteur. En cas d’adoption de ce texte, les députés pourraient les visiter sans les prévenir en amont.
Le port de l’uniforme dans les collèges, clin d’œil aux LR
La droite pourrait également être tentée de dire oui à la proposition de loi sur l’uniforme dans les écoles et les collèges. Lors du débat télévisé pour la présidence des LR, Eric Ciotti, Aurélien Pradié et Bruno Retailleau s’étaient tous les trois positionné en faveur d’une tenue unique dans les établissements scolaires.
Un autre texte pourrait également récolter les voix des députés LR: la suppression des zones à faible émission. Lancée pour améliorer la qualité de l’air, alors que la pollution serait à l’origine de près de 100.000 décès prématurés en France chaque année, elle vise à empêcher les véhicules les plus polluants de circuler dans certaines zones, principalement les centre-villes. À terme, les voitures fabriquées avant 1997 et les diesel avant 2001 pourraient être interdites dans 45 villes de plus de 150.000 habitants d’ici 2023. Le RN y voit le symbole d’une « écologie punitive ».
Si le mouvement ne devrait pas parvenir à faire examiner au mieux 5 textes dans l’hémicycle, ils seront tous étudiés en commission. De quoi permettre une belle exposition au travail de ses 89 députés et prendre la lumière quelques jours avant que le gouvernement ne présente son projet de loi sur sa politique migratoire.
bmftv