Le collège alsacien de Woerth, champion de France des économies d’énergie

Développement durable, écoresponsabilité et économies d’énergie. Le collège Maréchal de Mac-Mahon de Woerth a remporté le challenge « Climat Usage Bâtiments d’Enseignement Scolaire » (CUBE.S) en 2021.

Un succès fait d’une addition de petites actions collectives pour en arriver à une baisse de 31 % de sa consommation énergétique.

76 %. Les bâtiments publics consomment les trois-quarts de l’énergie des communes. Avec 30 %, les écoles dominent la consommation des bâtiments communaux. Ils demeurent les bâtiments les plus énergivores devant les équipements sportifs et les bâtiments socioculturels. Les bâtiments scolaires consomment du combustible pour le chauffage, de l’électricité (éclairage, ventilation des locaux, fonctionnement des systèmes techniques, équipements de bureaux, etc.), de la matière grise (produits consommés dans l’école, construction ou rénovation des bâtiments) sans oublier la mobilité de chacun. Le ministère de l’Éducation semble assumer sur son site devoir faire des efforts pour « réduire la consommation d’énergie et développer les énergies renouvelables, dans tous les secteurs, pour aller vers la neutralité carbone en 2050. Cela passe par la rénovation des écoles, collèges et lycées et l’éducation aux écogestes ».

La loi Climat et résilience renforce la place de l’éducation au développement durable dans les programmes de toutes les disciplines, de la maternelle à la terminale, dans toutes les voies d’enseignement (générale, technologique et professionnelle). « Le changement climatique, la pollution, la perte massive de biodiversité sont des enjeux impérieux, qui ont d’ores et déjà des conséquences visibles et sensibles sur notre quotidien. Il est donc plus que jamais nécessaire de renforcer l’éducation des jeunes générations », affirme encore la rue de Grenelle. Pour inciter les établissements à faire des économies d’énergie, l’Institut français pour la performance énergétique du bâtiment (IFPEB) et le centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), organisent chaque année le challenge CUBE.S (Challenge climat, usages, bâtiments enseignement scolaire).

En 2021, le collège du Maréchal Mac-Mahon de Woerth (Bas-Rhin) a remporté le CUBE d’or. Le collège a réduit sa consommation d’énergie globale de 23,5 % et jusqu’à 31 % dans les bâtiments récemment rénovés. Un aboutissement pour le collège déjà labellisé E3D (établissement en démarche développement durable).

Agir pour l’environnement : une démarche collective
Élèves, enseignants, agents administratifs se mobilisent depuis plusieurs années déjà. L’ensemble de la communauté du collège s’implique en faveur de l’environnement et du respect de la biodiversité. Éliminer les déchets, moins consommer, former au développement durable, inciter les familles à protéger la planète, etc., autant d’actions du collège qu’Emmanuelle Morel-Robert, directrice depuis septembre 2022, a reçu en héritage : « Il s’agit d’un axe fort de notre établissement que nous allons continuer à entreprendre. » Le succès de son nouvel établissement ne surprend pas la directrice : « Nous défendons ensemble une identité très forte. Nous avons cette envie commune de devenir acteur du développement durable et de faire tous des efforts pour aller plus loin encore. Avec une telle mobilisation, pas besoin de faire la révolution. »

Le professeur de technologie, David André Heinrich, porte un projet environnemental depuis plus de dix ans. Dans ses cours ou auprès de ses collègues, il sensibilise et montre l’exemple. « Nous essayons d’éveiller la curiosité des élèves. Je trouve ça moins efficace d’obliger. Il faut convaincre, proposer des pistes et c’est ensuite à chacun de se les approprier en fonction de ses sensibilités ». En 2019, à l’inscription au concours CUBE.S, les élèves reçoivent d’abord un kit d’économies d’énergie avec des thermomètres, des appareils pour mesurer la déperdition d’énergie, des joints de portes et fenêtres pour éviter les entrées d’air, des brochures truffées de conseils ou encore quelques autocollants avec des messages tel que « pensez à éteindre l’eau pendant que vous vous savonnez ». Les élèves s’amusent à recenser les consommations des radiateurs et autres outils branchés sur le réseau électrique et évaluent le fonctionnement de l’établissement. Bilan, des salles inoccupées restent allumées et surchauffées, des volets demeurent fermées alors que le soleil inonde la fenêtre et peut chauffer l’air ambiant. « Une fois nos données récupérées, nous avons cherché à améliorer le fonctionnement du collège en trouvant des gestes au quotidien pour diminuer la consommation en chauffage et électricité », commente le professeur.

Des actions concrètes pour économiser de l’énergie
Rapidement, les élèves élisent dans chaque classe des éco délégués. Volontaires, ils ont pour mission de vérifier la température des classes, communiquer avec les enseignants et agents du collège et former les classes inférieures. « Les élèves à l’aise deviennent des porte-parole. Ils portent la réflexion des classes et se chargent de convaincre les adultes », explique David André Heinrich qui ajoute, un brun railleur : « Nous avons souvent des phrases toutes faites, du style, j’ai toujours fait comme ça pour éviter de changer. Les jeunes sont bien plus conscients des réalités et s’impliquent beaucoup. » Les éco délégués organisent également des réunions pour transmettre les astuces. « Ce sont de vrais ambassadeurs », s’exclame le professeur de technologie.

Quelques semaines plus tard, des campagnes d’affichage couvrent les murs de l’établissement. Des conseils « éteins la lumière en quittant la salle », ou des expressions provocatrices « ce n’est pas Versailles ici ! » visent d’abord à sensibiliser. Le soir avant de partir, les éco délégués font des rondes pour vérifier que les lumières restent éteintes. Ils organisent des journées pull en limitant la température du chauffage au maximum. Ils supervisent la visite des techniciens pour chauffer le moins possible lorsque l’établissement n’accueille personne. « Ce sont pour la plupart des petits gestes du quotidien qui permettent de faire des économies. Le résultat, aujourd’hui, est remarquable et il n’y a rien d’infaisable », promet la directrice.

L’équipe pédagogique ne s’arrête pas là. Les élèves vont découvrir d’anciennes plantes dans des vergers conservatoires, goûtent des pommes moins belles, plantent des arbres, etc. « Nous essayons d’exploiter toutes les pistes de travail », ajoute David André Heinrich. « Les pommes moches gardent autant de goût et de valeur nutritive, nous pouvons parfois réutiliser l’eau sale. Nous avons un aquarium dont l’eau, une fois filtrée, se déverse dans un bac avec des plantes et des tomates », se réjouit le professeur. Son prochain objectif, travailler sur les émissions de gaz à effet de serre émis par les transports : « J’espère convaincre de plus en plus de collègues et d’élèves de venir au collège à vélo.

tf1info

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