Chaque année, la revue spécialisée « Prescrire » dresse une liste noire des médicaments à éviter, selon une méthodologie « rigoureuse ».
Leurs effets indésirables sont disproportionnés par rapport à leur bénéfice.
« Écarter pour mieux soigner ». Voilà le mot d’ordre de la revue indépendante Prescrire, qui met à jour chaque année depuis 2010, la liste de médicaments qu’elle considère comme inefficaces ou dangereux, et qu’elle recommande donc d’éviter. Une liste à destination des patients, mais aussi des soignants, pour les aider à « choisir des soins de qualité », et à limiter les risques éventuels pour la santé.
Pour ce faire, la revue mensuelle, dont les articles sont signés en majorité par des professionnels de santé, évalue l’intérêt des médicaments selon une « méthodologie rigoureuse ». Elle étudie les produits en fonction de leurs bénéfices (efficacité, facilité d’utilisation…) et de leurs risques (effets indésirables, risques d’interactions…). Dans sa mise à jour annuelle pour 2023, disponible en ligne, Prescrire répertorie ainsi 107 médicaments, dont 88 sont commercialisés en France. On fait le point des principaux enseignements de cette liste.
Trois nouveaux médicaments à écarter
En 2023, trois nouveaux médicaments font leur entrée dans la liste de Prescrire, « car les effets indésirables auxquels ils exposent sont disproportionnés par rapport au gain d’efficacité qu’ils apportent », juge la revue. Il s’agit d’une poudre de graine d’arachide contenant des protéines d’arachide (Palforzia) : « autorisée pour la désensibilisation en cas d’allergie à l’arachide ». Ce produit aurait tendance à « augmenter la fréquence des réactions allergiques dans la vie quotidienne », selon Prescrire.
Le diclofénac (dont le Voltarène)
Vient ensuite le roxadustat (Evrenzo). Utilisé dans le cas d’une « anémie liée à une insuffisance rénale chronique », ce médicament « semble augmenter la mortalité chez certains patients, et son profil d’effets indésirables est plus chargé », détaille la revue. Enfin, la teinture d’Opium est (Dropizal) fait son entrée dans la liste. « Autorisée dans les diarrhées sévères », cette « soupe » de divers constituants du pavot « n’apporte pas d’avantage clinique par rapport au lopéramide » (un opioïde commercialisé seul dans cette situation).
Parmi les nouveautés, un médicament qui avait disparu de la liste en 2021, y fait son grand retour en 2023. Il s’agit du nintédanib, utilisé dans « certains cancers bronchiques non à petites cellules » (sous le nom de Vargatef) et dans « certaines infections pulmonaires chroniques » (sous le nom de Ofev). « L’analyse des données d’évaluation clinique a montré que […] la balance bénéfices-risques du nintédanib est défavorable. Il figure donc à nouveau parmi les médicaments à écarter », justifie Prescrire.
Dans sa liste, la revue mentionne aussi « l’acéclofénac (Cartrex ou autre) et le diclofénac (Voltarène ou autre) par voie orale », lesquels « exposent à un surcroît d’effets indésirables cardiovasculaires (dont infarctus du myocarde, insuffisances cardiaques)
et de morts d’origine cardiovasculaire par rapport à d’autres AINS aussi efficaces », peut-on lire.
tf1info