Caractéristique des maladies du vieillissement, le diabète de type 2 touche pourtant de plus en plus de 15-39 ans dans le monde entier. Le phénomène est tangible depuis les années 90. Les pays émergents et les femmes sont les plus touchés, mais aucune région n’est épargnée.
Groupe d’adolescents
Le diabète de type 2 représente 90% des cas de diabète et concerne 3,5 millions de Français.
De plus en plus d’adolescents et de jeunes adultes, et en particulier des jeunes femmes, sont atteints du diabète de type 2 dans le monde par rapport aux années 1990. Le taux passe de 117 cas pour 100.000 habitants en 1990 à 183 cas en 2019, révèle une nouvelle étude publiée dans le British Medical Journal. En cause notamment, l’avancée du surpoids et de l’obésité, facteur de risque majeur de l’installation de cette maladie.
« Le diabète de type 2 à apparition précoce est un problème de santé mondial croissant chez les adolescents et les jeunes adultes », constatent les chercheurs dans la publication. Pourtant, contrairement au diabète de type 1 qui se déclare dès l’enfance, le diabète de type 2 est considéré comme un trouble du métabolisme des personnes d’âge mûr voire âgées, et est rarement observé chez les adolescents et les jeunes adultes. Là où le type 1 découle d’un déficit dans la production d’insuline (hormone qui régule la glycémie, le taux de sucre dans le sang), le type 2 dépend d’une insensibilisation progressive à l’insuline qui se développe sur le long terme, favorisée par une mauvaise hygiène de vie.
De plus en plus de cas de diabète de type 2 dits « précoces »
Cependant, « des augmentations substantielles de l’incidence du diabète de type 2 chez les jeunes ont été signalées dans certains pays », appuient les auteurs. Aux Etats-Unis, l’augmentation annuelle des cas chez les 10-19 ans était de 4,8% entre 2002 et 2012. Au Royaume-Uni, même son de cloche. Parmi les personnes atteintes de diabète de type 2, les moins de 40 ans représentaient 6% en 1991, et 12% en 2006. En France, l’hôpital Robert Debré (AP-HP, hôpitaux de Paris) rapportait en 2020 une multiplication par quatre du nombre d’enfants et adolescents concernés dont ils avaient la charge en 20 ans, leur incidence passant de 2% à 9% parmi les nouveaux cas de diabète.
Le surpoids et le niveau socioéconomique du pays, facteurs principaux
Cette nouvelle analyse se base sur les données de 204 pays et régions du monde entre 1990 et 2019. Ils identifient le même phénomène au niveau international, avec un taux d’incidence de diabète de type 2 précoce passant de 117 cas pour 100.000 habitants en 1990 à 183 cas en 2019. Un taux particulièrement élevé dans les pays à indice sociodémographique faible, moyen et intermédiaire. « L’indice de masse corporelle (IMC, qui estime le surpoids, ndlr) élevé était le principal facteur contribuant à l’apparition précoce du diabète de type 2 et a augmenté dans le monde entier à partir de 1990 », détaillent les chercheurs.
Or, les changements sociaux et économiques rapides dans les pays émergents peuvent déstabiliser l’hygiène de vie de la population. « Par exemple, la consommation de boissons à haute teneur énergétique a plus que doublé chez les adolescents âgés de 12 à 18 ans au Mexique entre 1999 et 2006 », illustrent les scientifiques. D’autres facteurs contribuaient également à cette avancée du diabète de type 2 précoce, tels que la pollution de l’air ou le tabagisme.
Si l’Europe n’est pas parmi les pires élèves, nous sommes loin d’être épargnés et la maladie gagne du terrain dans nos contrées. « L’Europe occidentale et l’Amérique latine méridionale sont les régions qui ont connu les augmentations les plus rapides » des taux de diabète de type 2 précoces, mais également en termes d’espérance de vie sans incapacité (auquel on retranche les années de handicap) entre 1990 et 2019.
Les femmes plus touchées que les hommes
En outre, les femmes étaient plus touchées que les hommes chez les 15-30 ans. Une dynamique qui s’inverse complètement au-delà de cet âge. « Nous soupçonnons la grossesse et le syndrome des ovaires polykystiques chez les femmes, qui sont associés à une résistance à l’insuline, pourraient contribuer en partie aux différences entre les sexes », suggèrent-ils. Ce déséquilibre au détriment des femmes était particulièrement marqué dans les pays à l’indice sociodémographique faible. D’après leurs hypothèses, ce constat découle probablement de moins bons contrôle de la glycémie pendant la gestation et accès aux soins que les hommes. « Par conséquent, la prévention et la gestion efficaces du diabète de type 2 chez les femmes âgées de moins de 30 ans devraient être renforcées, en particulier dans les régions moins développées. »
Cette augmentation du diabète de type 2 chez les jeunes est lourde de conséquences. Diagnostiquée avant 40 ans, la maladie est associée à une « augmentation substantielle » des risques de maladies cardiovasculaires et de mortalité par rapport aux cas d’apparition tardive. « En outre, les options de traitement du diabète de type 2 chez les enfants et les adolescents sont inadéquates et moins efficaces que les traitements destinés aux adultes », précisent les chercheurs. Ils appellent maintenant à des mesures spécifiques face à ce problème de santé publique, en particulier dans les pays émergents.
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