la fièvre nous prend, elle se maintient autour de 37 °C et il en va ainsi chez les humains comme chez les autres mammifères. On savait que le siège de cette thermorégulation se situait dans l’aire préoptique de l’hypothalamus, une partie du cerveau impliquée dans la gestion des fonctions vitales, comme le sommeil ou la faim. En revanche, on ignorait jusqu’ici quels étaient les neurones à l’œuvre.
Des chercheurs japonais semblent avoir trouvé la réponse. Une découverte faite sur des rats Dans un article publié ce vendredi dans la revue Science Advances, une équipe de scientifiques des universités de Nagoya et Juntendo de Tokyo décrit l’expérience qu’elle a menée sur des rats, des rongeurs qui apprécient quand la température ambiante avoisine 28 °C. Pendant deux heures, les chercheurs ont exposé les animaux à des températures froides (4 °C), ambiantes (24 °C) et chaudes (36 °C).
Les résultats ont montré que le mercure poussé à 36 °C activait certains neurones, les EP3, contrairement aux températures plus froides. Ensuite, les chercheurs ont inoculé aux rats un virus inoffensif permettant de manipuler artificiellement l’activité de ces neurones EP3. Ils ont découvert que l’activation des neurones entraînait une diminution de la température corporelle, tandis que la suppression de leur activité entraînait leur augmentation. Les chercheurs en concluent que dans un environnement chaud, les neurones EP3 s’activeraient pour faire baisser la chaleur corporelle.
À l’inverse, dans un environnement froid, ils resteraient inactifs afin de favoriser la production de chaleur et de prévenir l’hypothermie. De même, en cas d’infection, l’activité des EP3 s’arrêterait pour déclencher une fièvre et ainsi limiter la propagation d’un virus ou d’une bactérie (qui prolifèrent moins vite à mesure que la température augmente). Mieux s’adapter aux vagues de chaleur ? Cette découverte n’est pas due au hasard mais à une intuition : les récepteurs exprimés par les neurones EP3 étaient connus pour être des « interrupteurs de fièvre », comme nous le précise Kazuhiro Nakamura, professeur de l’université de Nagoya.
L’identification de notre « thermostat » pourrait ouvrir la voie au développement d’une technologie qui ajuste artificiellement la température corporelle pour aider à traiter les coups de chaleur et l’hypothermie. Mais aussi, l’obésité : maintenir la température corporelle à un niveau légèrement supérieur à la normale favoriserait alors la combustion des graisses. Et pourquoi pas, alors que l’augmentation mondiale des températures induit des risques de surmortalité, aider à s’adapter aux vagues de chaleur ?
« Nous aimerions étudier plus avant cet important groupe de neurones », annonce Kazuhiro Nakamura. Et le spécialiste du cerveau d’énoncer son « rêve » : comprendre pourquoi 37 °C !
leparisien