Covid-19 : les origines de l’anosmie persistante enfin comprises ?

On savait que le SARS-CoV-2 perturbait l’épithélium olfactif chez les patients atteints d’une perte d’odorat. Pour ceux qui ne parviennent pas à le retrouver après plusieurs mois ou années, le mécanisme impliqué était moins clair. Un assaut immunitaire continu sur les cellules nerveuses olfactives serait à l’origine de l’anosmie, en association avec une diminution du nombre de ces cellules.

L’un des premiers  associés à l’infection par le SARS-CoV-2 est la perte de l’, qu’elle soit partielle (hyposmie) ou totale (). Bien que cette altération olfactive soit souvent transitoire, de nombreux patients atteints de la  présentent une anosmie qui dure des mois, voire des années.

D’après de précédents travaux, le SARS-CoV-2 provoque l’anosmie en affectant l’épithélium olfactif, le tissu du  où se trouvent les cellules nerveuses de l’odorat. Toutefois, on ignorait comment le  provoquait une perte d’odorat persistante chez certains patients atteints de Covid long.

Une réaction presque auto-immune

Une équipe de chercheurs, dirigée par Duke Health (États-Unis), rapporte que la raison principale pour laquelle certaines personnes ne retrouvent pas leur odorat après l’infection est liée à un assaut immunitaire continu sur les cellules nerveuses olfactives, semblable à une réaction presque auto-immune dans le nez. Pour rappel, une réaction auto-immune est un processus par lequel le système immunitaire se retourne contre son propriétaire.

L'étude jette également la lumière sur les causes sous-jacentes possibles d'autres symptômes du Covid long — notamment la fatigue généralisée, l'essoufflement et le brouillard cérébral — qui pourraient être déclenchés par des mécanismes biologiques similaires. © Maria, Adobe Stock

L’ÉTUDE JETTE ÉGALEMENT LA LUMIÈRE SUR LES CAUSES SOUS-JACENTES POSSIBLES D’AUTRES SYMPTÔMES DU COVID LONG — NOTAMMENT LA FATIGUE GÉNÉRALISÉE, L’ESSOUFFLEMENT ET LE BROUILLARD CÉRÉBRAL — QUI POURRAIENT ÊTRE DÉCLENCHÉS PAR DES MÉCANISMES BIOLOGIQUES SIMILAIRES. 

Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques ont analysé des échantillons épithéliaux olfactifs prélevés à partir de 24 , y compris celles de neuf patients présentant une perte d’odorat à long terme à la suite d’une infection au SARS-CoV-2. L’étude publiée dans Science Translational Medicine explique que l’approche basée sur la biopsie permet des analyses unicellulaires sophistiquées.

Ces dernières révèlent une infiltration de l’épithélium olfactif par des populations de cellules immunitaires T, de telle sorte que l’inflammation (ou la réaction auto-immune) perturbe la fonction olfactive normale. En outre, le nombre de  olfactifs a diminué en comparaison avec 15 personnes à l’odorat normal, sûrement à cause de l’inflammation du tissu.

Par ailleurs, les chercheurs notent que le processus inflammatoire unique a persisté malgré l’absence de niveaux détectables de virus. « Ces résultats indiquent que l’inflammation médiée par les cellules T persiste dans l’épithélium olfactif longtemps après que le SARS-CoV-2 a été éliminé du tissu, ce qui suggère un mécanisme pour la perte d’odorat à long terme post-Covid-19 », écrivent les auteurs.

Vers des traitements pour restaurer au moins partiellement le sens de l’odorat

Connaître quels sont les sites endommagés et les types de cellules impliqués est une étape cruciale pour commencer à concevoir des traitements, lesquels corrigeraient par exemple l’environnement des cellules immunitaires.

Les neurones semblaient conserver une certaine capacité de réparation, même après un assaut immunitaire de longue , ce qui encourage les chercheurs. « Nous espérons que la  de la réponse immunitaire anormale ou des processus de réparation dans le nez de ces patients pourrait aider à restaurer au moins partiellement le sens de l’odorat », a déclaré le Dr Bradley Goldstein, médecin ORL et chirurgien à la Duke University School of Medicine.

FUTURA

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