Ces algues sont de formidables pompes à CO2 !

Les plantes terrestres ne sont pas les seules à pomper du CO2 atmosphérique via le processus de photosynthèse. Les algues jouent également un rôle. Un rôle qui semble d’ailleurs bien plus important que ce que l’on pensait, notamment grâce à leur capacité à stocker de grandes quantités de carbone.

Parmi les grands processus biogéochimiques qui régissent le cycle du carbone sur Terre, la photosynthèse est l’un des principaux mécanismes absorbant du CO2 de l’atmosphère. Le carbone est alors stocké sous forme de matière organique, pendant une durée cependant très variable. Une fraction de ce carbone va en effet être piégée dans les sols, mais une autre va être rapidement réémise dans l’atmosphère lors de la décomposition de la matière organique. Si les plantes terrestres sont ainsi l’un des acteurs principaux de la captation du carbone atmosphérique, nous oublions souvent l’action majeure que jouent les plantes aquatiques, et notamment les algues.

Photosynthèse : n’oublions pas les algues !
Ces dernières représentent d’ailleurs des organismes photosynthétiques particulièrement importants puisqu’elles ont la capacité de capter une plus grande gamme de longueur d’onde lumineuse que les plantes terrestres. Elles auraient également un autre avantage, que met en lumière une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’Institut Max-Planck en Allemagne. Sous le feu des projecteurs : les algues brunes, que l’on retrouve habituellement sur les côtes rocheuses de nos mers tempérées et froides, comme en Bretagne par exemple.

L’étude révèle ainsi le rôle décisif que jouent ces algues sur la régulation de la composition atmosphérique et donc du climat. Leur capacité d’absorption du CO2 serait largement supérieure à celle des forêts terrestres. Mais ce qui a le plus intéressé les chercheurs, c’est le mode de stockage du carbone dans ce processus.

Du mucus d’algue riche en carbone et délaissé par les organismes marins
Les algues utilisent en effet le carbone absorbé pour leur croissance, mais pas en totalité. Environ un tiers du carbone capté à partir de l’atmosphère est relâché dans l’océan, mais pas sous n’importe quelle forme. Les algues produisent en effet des excrétions qui peuvent être de natures différentes. Si certaines de ces substances sont utilisées comme nutriments par d’autres organismes marins, d’autres vont finir leur vie au fond de l’océan, piégé dans les sédiments. Or, en analysant les excrétions produites par les algues brunes, les chercheurs se sont rendu compte de leur incroyable complexité.

Publiés dans la revue PNAS, les résultats révèlent en effet que les algues brunes produisent en grande partie une substance appelée fucoïdane. Ce polysaccharide sulfaté a cependant une structure très complexe qui le rend difficilement utilisable par les autres organismes. Comme le fait remarquer l’auteur principal de l’étude, Hagen Buck-Wiese, aucun organisme marin ne semble vraiment l’apprécier. Et le fait que cette substance soit délaissée est d’un intérêt majeur pour le stockage du carbone. En effet, la dégradation de la matière organique mène au relargage rapide du carbone vers l’atmosphère. Mais le fucoïdane n’étant pas dégradé par les organismes, le carbone qu’il contient va ainsi pouvoir être stocké pendant des centaines voire des milliers d’années dans les fonds marins.

Étant donné la grande capacité d’absorption du carbone des algues brunes, les chercheurs estiment que 0,15 gigatonne de carbone, soit l’équivalent de 0,55 gigatonne de CO2 est ainsi séquestré dans les océans chaque année. Une quantité à peu près similaire à la production de gaz à effet de serre de l’Allemagne sur la même période. Des chiffres qui mettent en lumière le rôle jusqu’à présent insoupçonné des algues brunes dans la régulation du climat.

futura

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