Célébration : Le cinéma tunisien a 100 ans

Pour fêter les 100 ans du premier film de fiction tunisien, les films les plus marquants de ce centenaire ont été projetés et plusieurs tables rondes ont été organisées à la Cité de la culture à Tunis. La célébration va se poursuivre durant l’année 2023, avec notamment des caravanes de cinéma ambulant qui vont se rendre partout dans le pays.

Tourné au lendemain de la Première guerre mondiale et projeté pour la première fois le 21 décembre 1922, Zorha est un film muet. Il a été réalisé en Tunisie au temps de la colonisation française. Haydée Chikli, fille du réalisateur et co-auteure de ce court-métrage, en tient le rôle principal. Elle y joue une jeune naufragée française, secourue par des bédouins avec qui elle va vivre avant d’être enlevée par des bandits. Un film presque ressuscité du passé, raconte Mahmoud Ben Mahmoud, qui est l’auteur d’un documentaire consacré à Albert Samama-Chikli : «Ce film vient d’être restauré par la Cinémathèque de Bologne, qui a retrouvé le scénario d’origine, et qui a pu combler les vides dans le film par des photographies, pour rendre l’histoire plus fluide et plus facile à suivre.»

Mahmoud Ben Mahmoud consacre un portrait de trente minutes à Albert Samama-Chickli qui dévoile l’œuvre de ce pionnier du 7e art tunisien : «c’est d’une importance majeure qui dépasse la Tunisie, puisque Albert Samama-Chikli est considéré comme l’un des plus anciens cinéastes au monde. On lui doit le transfert vers la Tunisie de toute une série d’inventions techniques comme la radio, la Tsf, la bicyclette, et bien sûr le cinématographe», insiste le documentariste. Une version plus longue du portrait de Albert Samama de Mahmoud Ben Mahmoud est en cours de finalisation. Le visage du cinéaste, réalisé en mosaïque, a été inauguré la semaine dernière à la Cité de la culture à Tunis, et un espace portant son nom lui a été dédié.

Un cinéma militant
Outre Zohra, le cinéma tunisien compte plus de 600 films d’auteurs abrités à la Cinémathèque nationale. C’est un cinéma qui présente des aspects bien spécifiques, qui le différencient des autres cinémas du continent africain. «Même si notre cinéma est parmi les premiers au monde, il reste quelque part artisanal, explique Neïla Driss, critique de cinéma tunisienne. Ce n’est pas une industrie comme le cinéma égyptien. Par contre, il est très différent dans le sens où c’est un cinéma d’auteur.» Et même, un «cinéma militant», selon Neïla Driss, caractérisé par la volonté «de dénoncer certains travers de la société tunisienne et de promouvoir des idées progressistes».

L’arrivée d’un cinéma commercial est récente, note-t-elle : « C’est peut-être aussi après 2011 qu’il y a eu une liberté d’expression que les Tunisiens ont acquise, et cette jeunesse qui a voulu parler, on a vu apparaître de nouveau genres, de nouvelles thématiques aussi, de nouvelles façons de tourner, des comédies un peu burlesques aussi.» Une évolution intéressante qui montre, selon Neïla Driss, «une richesse du cinéma».

Rfi

You may like