Stéphane Peterhansel a beau être surnommé « Monsieur Dakar » en référence à son record de 14 victoires dans ce rallye-raid, le Français, 57 ans, aborde à partir de samedi la 45e édition, la 34e pour lui, « un peu dans l’inconnu » en termes de compétitivité au volant d’une Audi à motorisation hybride.
Il lui faut aussi s’adapter à l’absence de bruit de son moteur, hors phase d’accélération: « Quand on ralentit ou qu’on freine, le bruit du moteur qui descend en régime n’est pas là. Il a donc fallu que le cerveau s’habitue à tout ça ».
QUESTION: Comment vous sentez-vous avant cette 45e édition?
REPONSE: « Plus on approche du départ, plus il y a de l’excitation mêlée à un peu de stress quand même parce que ça peut mal se passer dès le début de la course. On est assez confiants sur notre préparation côté véhicule, on a fait tout ce qui fallait pour la faire progresser et la fiabiliser. Au niveau du bruit, c’est perturbant au début parce qu’on a le bruit d’un moteur qui est en pleine accélération –pour charger les batteries–, mais quand on ralentit ou qu’on freine, le bruit du moteur qui descend en régime n’est pas là. Il a donc fallu que le cerveau s’habitue à tout ça, on est un peu accordé maintenant. En termes de compétitivité, on est un peu dans l’inconnu. On a un règlement, on essaie de l’exploiter au maximum de ce qu’on peut faire et après on verra si la technologie électrique est meilleure que la voiture traditionnelle ».
Q: L’océan de dunes de l’Empty Quarter dans la deuxième semaine sera-t-il la clé de ce Dakar?
R: « Le Dakar, c’est souvent des surprises. Dans les étapes les plus basiques, parfois il se passe plein de choses et il y a des rebondissements, parfois les étapes qu’on attend extrêmement sélectives, dures, éprouvantes, ça peut passer comme une lettre à la poste. Mon feeling, c’est que dans la première partie, avec des longues étapes, un peu de montagne, de canyons, il risque d’y avoir du ménage, déjà des écarts, on y verra plus clair dès la première semaine et ensuite, celui qui sera en tête devra résister dans l’Empty quarter mais je ne suis pas sûr que l’Empty Quarter face de grosses différences ».
Q: Après autant de courses gagnées et de continents parcourus, qu’est-ce qui continue de vous faire vibrer?
R: « Le Dakar est une course qui était taillée pour ce que j’aime: l’adrénaline de la vitesse et des sport motorisés d’un côté, la nature et les grands espaces de l’autre. Grâce au Dakar on a vu les plus beaux paysages du monde selon moi, l’Afrique, Ténéré (au Sahara, NDLR), l’Amérique du Sud pendant 10 ans, maintenant ici. Je suis compétiteur depuis très jeune, donc tout ça fait que c’est plus une course passion qu’un vrai métier. Bien sûr, on fait ça le plus professionnellement possible, on a des responsabilités vis-à-vis des constructeurs. J’aurais dû arrêter depuis bien longtemps mais ça peut être ennuyeux de revenir à des choses plus basiques. Quand on +se fait+ un Dakar, on est tellement impliqué dedans, ça nous donne des émotions de joie, de détresse, de déception, c’est tellement intense que quand on revient à la vie standard, on trouve tout beaucoup plus fade, et donc pouvoir continuer malgré les années, c’est une chance ».
AFP