Conformément à la loi, l’Eurométropole doit dans les prochaines années exclure de son périmètre les véhicules les plus polluants. Depuis le 1er janvier, des amendes peuvent être infligées aux automobilistes contrevenants.
Elle fête son premier anniversaire. La Zone à faibles émissions (ZFE) de l’Eurométropole de Strasbourg est officiellement entrée en vigueur le 1er janvier 2022, avec l’objectif d’infléchir la dégradation de la qualité de l’air en réduisant la part desvéhicules à moteur particulièrement polluants en circulation. Il s’agit à la fois d’une mesure environnementale et de santé publique.
« Mieux respirer, c’est ça l’idée », résume l’Eurométropole sur site internet. Car la pollution automobile est à l’origine de « 500 morts par an » dans l’agglomération et représente « le premier poste des émissions de gaz à effet de serre », rappelle Françoise Schaetzel, vice-présidente en charge de la ZFE, sur BFM Alsace.
« Ça me désespère qu’il y ait plusieurs centaines de morts par an sur l’Eurométropole, qu’il y ait des enfants qui naissent trop tôt avec des petits poids parce qu’ils sont dans des zones polluées, qu’il y ait des gens encore jeunes qui fassent des infarctus parce qu’ils sont dans des zones polluées, sachant que les zones polluées, c’est surtout le long des routes à forte circulation », prolonge celle qui est médecin avant d’être élue.
L’instauration de ce périmètre, incluant les 33 communes de l’agglomération, découle de la Loi d’orientation des mobilités. Pour l’heure, onze métropoles sont concernées par cette obligation légale. Paris a ouvert la voie en 2015 et d’autres zones à forte densité de population seront concernées dans les années à venir, y compris Mulhouse, Metz ou Nancy pour ce qui est du Grand Est.
D’une agglomération à l’autre, les mesures de restrictions appliquées aux automobilistes peuvent varier. BFMTV.com vous résume tout ce qu’il faut savoir sur la ZFE de Strasbourg.
Les véhicules de catégorie 5 et « non classés » interdits
Les véhicules du parc automobile français sont classés selon leur degré de pollution, établi en fonction de leur carburant et de leur année de mise en circulation. Six vignettes Crit’Air obligatoires pour circuler ou stationner dans la ZFE ont été imaginées pour les distinguer les uns des autres.
Les voitures considérées comme « propres » héritent par exemple d’une vignette Crit’Air 1, 2 ou encore verte -qui concerne les véhicules 100% électriques ou à hydrogène. Les véhicules les plus polluants sont classés Crit’Air 4 ou 5. Ils peuvent même être définis comme « non classés », si la carte grise a été délivrée avant le 31 décembre 1996.
À Strasbourg, seuls les véhicules Crit’air 5 ou « non classés », c’est-à-dire immatriculés entre le 1er janvier 1997 et le 31 décembre 2000, sont prohibés depuis le 1er janvier 2022.
Selon les chiffres compilés par Françoise Schaetzel, environ 3% du parc automobile de l’Eurométropole n’a plus accès aux 33 communes qui la composent, soit « un peu plus de 13.000 véhicules ». Ce chiffre atteint 5% à l’échelle du département du Bas-Rhin.
La ZFE s’applique aux résidents de l’Eurométropole mais aussi aux passants, aux frontaliers et aux touristes, qu’ils soient français ou étrangers.
Entrée en vigueur de la ZFE à Strasbourg: 13.000 véhicules ne peuvent plus circuler dans l’Eurométropole
À Strasbourg comme dans les autres métropoles, le déploiement de la ZFE se veut progressif. Ainsi, dès le 1er janvier 2024, les véhicules arborant une vignette Crit’air 4 (immatriculés entre le 1er janvier 2001 et le 31 décembre 2005) ne seront plus en odeur de sainteté dans l’Eurométropole.
Le 1er janvier 2025, ce sera autour des voitures désignées par une pastille Crit’air 3. En 2028, seules les voitures de catégorie 1 seront autorisées à circuler aux côtés de celles présentant une vignette verte.
À noter que les dates de mise en circulation prises en compte varient s’il s’agit d’un véhicule diesel ou à essence. De même pour les véhicules utilitaires, les poids lourds, les autobus ou les autocars.
La classification des véhicules est à retrouver sur le site du gouvernement.
Des exceptions pour certains véhicules
Au niveau national, des dérogations pour les véhicules de service public peuvent être obtenues sur demande. Elles peuvent s’appliquer aux véhicules de service public -à l’image de la police ou des pompiers par exemple- ou encore aux personnes à mobilité réduite.
Localement, des exceptions peuvent également être accordées à certains professionnels pour une durée allant jusqu’à trois ans.
La liste complète des véhicules pouvant jouir d’une dérogation est à retrouver sur le site de l’Eurométropole.
Un prix compris entre 3,72€ et 4,61€
Pour un véhicule immatriculé en France, l’obtention de la vignette adéquate revient à 3,72€ (3,11€ + 0,61€ d’affranchissement). Elle peut être commandée en ligne sur présentation d’un certificat d’immatriculation.
Ce coût est légèrement supérieur pour équiper un véhicule immatriculé à l’étranger: 4,61€ (3,11€ + 1,50€ d’affranchissement hors France).
Pour obtenir une vignette Crit’Air, il suffit de se rendre sur le site dédié: https://www.certificat-air.gouv.fr.
Après la pédagogie, les premières sanctions
Dans l’Eurométropole de Strasbourg, 2022 se voulait une « année pédagogique », visant à sensibiliser les habitants à la ZFE. En ce sens, aucune sanction n’a été infligée aux automobilistes ne présentant pas d’autocollant sur leur pare-brise, ni à ceux dont le véhicule n’était en principe pas autorisé dans le périmètre défini.
Depuis dimanche, le 1er janvier 2023, les choses ont changé. Les contrevenants peuvent écoper d’une amende forfaitaire de 68€. Le tarif monte à 135€ pour les chauffeurs de poids lourds.
En revanche, comme l’a affirmé Pia Imbs, la présidente de l’Eurométropole, les contrôles ne seront pas automatisés avant la mi-2024.
« Si, pour une raison ou pour une autre, vous êtes contrôlé, la police regardera aussi si vous avez votre pastille », illustre Françoise Schaetzel. Mais « il n’y aura pas de contrôles spécifiques ZFE. Et ce parce que l’État n’a pas mis en place tout le dispositif qui permet un contrôle automatisé ».
Des aides à la conversion
Pour inciter les Français à opter pour des modes de déplacement moins nocifs pour l’environnement et la santé, le gouvernement a mis sur pied une aide à la conversion pour l’achat d’un véhicule moins polluant. Celle-ci peut atteindre 3000€.
La Métropole propose pour sa part jusqu’à 3500€ de soutien. Une aide cumulable à celle de l’État qui dépend, elle aussi, des conditions de revenu.
bmftv