L’essoufflement actuel de l’économie mondiale va contraindre davantage de travailleurs à accepter des emplois de plus en plus précaires, mal rémunérés, et dépourvus de protection sociale, accentuant ainsi les inégalités exacerbées par la crise de la pandémie de Covid-19, a averti lundi l’Organisation internationale du travail (OIT).
Le ralentissement économique dope les emplois de mauvaise qualité, selon l’OIT
L’augmentation des inégalités causée par la crise de la Covid-19 et le ralentissement actuel signifient que de nombreux travailleurs devront accepter des emplois de moindre qualité, souvent très mal payés, avec parfois des durées de travail insuffisantes, selon un nouveau rapport de l’OIT.
« Les prévisions de ralentissement de la croissance économique et de l’emploi en 2023 impliquent que la plupart des pays ne retrouveront pas complètement les niveaux d’avant la pandémie», souligne le Directeur général de l’OIT, Gilbert Houngbo.
Le chômage mondial devrait augmenter un peu cette année
En outre, la crise du coût de la vie menace de précipiter davantage de personnes dans la pauvreté. Cette tendance vient s’ajouter aux effets de la pandémie pour les revenus plus bas dans de nombreux pays. « Le besoin de plus de travail décent et de justice sociale est clair et urgent», a ajouté M. Houngbo.
Le rapport Emploi et questions sociales dans le monde: Tendances 2023 de l’OIT prévoit aussi que la croissance de l’emploi mondial ne devrait atteindre que 1%, contre 2% l’année dernière. Dans le même temps, le chômage mondial devrait augmenter un peu à 5,8% cette année, soit 3 millions de personnes en plus que les 205 millions de l’année dernière.
L’ampleur modérée de cette hausse est principalement due à une offre de main-d’œuvre insuffisante dans les pays à revenu élevé. Cela marquerait une inversion de la baisse du chômage mondial observée entre 2020-2022.
Par rapport à la situation d’avant la pandémie, 16 millions de personnes supplémentaires sont toujours sans activité. Autre problème, la pénurie d’améliorations des emplois devrait se détériorer.
Pour une coalition mondiale pour la justice sociale
Face à ces prévisions pessimistes, l’OIT fera campagne pour une coalition mondiale pour la justice sociale en vue de fédérer les soutiens et d’élaborer les politiques nécessaires et de nous préparer à l’avenir du travail. « Mais si nous voulons relever ces multiples défis, nous devons travailler ensemble à la création d’un nouveau contrat social mondial », a fait valoir M. Houngbo.
Par ailleurs et malgré ce ralentissement général, certains pays et secteurs demeurent exposés à un risque de pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Cette donne inclut aussi les personnes qui veulent travailler mais ne cherchent pas activement un emploi, soit parce qu’elles sont découragées, soit parce qu’elles ont d’autres responsabilités, d’ordre familial par exemple.
Le déficit mondial d’emplois s’élevait à 473 millions en 2022, environ 33 millions au-dessus du niveau de 2019.
Au total, environ 2 milliards de travailleurs occupaient en 2022 un emploi informel et 214 millions de travailleurs vivaient dans l’extrême pauvreté (avec un revenu inférieur à 1,90 dollar par jour), soit environ 6,4% des actifs occupés.
Une croissance de l’emploi d’environ 3% ou plus pour l’Afrique et Moyen-Orient
Par région, l’Afrique et les Etats arabes devraient obtenir une croissance de l’emploi d’environ 3% ou plus. Leurs taux de chômage ne devraient reculer que de très peu de 7,4 à 7,3% en Afrique et de 8,5 à 8,2% dans les États arabes.
En Asie/Pacifique et en Amérique latine et Caraïbes, la croissance de l’emploi devrait atteindre environ 1%. Dans le nord du continent américain, le chômage repartira à la hausse, indique le rapport.
La région Europe et Asie centrale est très affectée par les effets du conflit en Ukraine. L’emploi devrait diminuer mais les taux de chômage ne devraient augmenter qu’un peu.
Plus globalement, la détérioration du marché du travail est due surtout à la guerre en Ukraine, à une relance inégale après la pandémie et aux difficultés des filières d’approvisionnement, selon le rapport de l’OIT. De quoi provoquer une inflation élevée et une petite croissance en même temps, pour la première fois depuis les années 1970.
Les femmes et les jeunes sont très affectés. Le taux d’activité féminin a atteint 47,4% l’année dernière, contre environ 73% pour les hommes. Pour chaque homme économiquement inactif s’ajoutent deux femmes inactives. Le taux de chômage des jeunes est trois fois supérieur à celui des plus de 25 ans.
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