Selon le rapport climatique de 2022 effectué par un organisme australien, les sécheresses et inondations de l’année dernière sont directement dues à un bouleversement du cycle de l’eau.
Un cycle de l’eau complètement détraqué en 2022, telle est la conclusion de l’organisme australien Global Water Monitor Consortium dans son rapport sur l’année 2022. Pour parvenir à ce constat, l’équipe a utilisé des milliers de données récoltées sur des stations au sol et par des satellites : humidité des sols, débit des rivières, températures sur terre et dans les océans, précipitations, ainsi que le volume d’eau dans les lacs naturels et artificiels.
Globalement, les températures ont été plus élevées que la normale dans l’ouest du Pacifique, ainsi que l’est et le nord de l’océan Indien, mais par contre plus fraîches dans l’est du Pacifique. La température anormalement élevée des océans influence ensuite tout le cycle de l’eau, qui s’accélère et produit des phénomènes météo plus extrêmes : plus de chaleur entraîne plus d’évaporation de l’humidité. Dans certaines régions du monde, en fonction des flux météo, cela apporte davantage de précipitations intenses. Dans d’autres régions, les anomalies de températures dans l’océan favorisent la sécheresse.
LES ANOMALIES DE PRÉCIPITATIONS DANS LE MONDE EN 2022 : EN ROUGE, LES DÉFICITS ; EN BLEU, LES EXCÉDENTS.
Une année 2022 marquée par des extrêmes en ce qui concerne les précipitations
C’est justement cette température de l’océan qui, selon les scientifiques, a causé la canicule historique au sud de l’Asie (Inde et Pakistan), suivie d’une mousson catastrophique au Pakistan quelques mois après. Les pluies ont également été diluviennes en Inde, Afghanistan, Thaïlande, Australie, et Cambodge. Malgré ces événements, l’ensemble global des précipitations dans le monde se rapproche de la moyenne des années 2000 : les deux extrêmes se sont compensés au niveau mondial.
L’ÉVOLUTION DES PRÉCIPITATIONS DANS LE MONDE.
Car si d’un côté, les pluies ont été diluviennes, de l’autre côté, les sécheresses ont été remarquables : en Europe (et France notamment), dans l’ouest des États-Unis, la Chine et l’Amérique du Sud. Au niveau mondial, il n’y a jamais eu autant de déficits records de précipitations qu’au cours des trois dernières années, depuis les premiers relevés de 1980.
L’ÉVOLUTION DU NOMBRE DE FOIS QUE DES RECORDS DE DÉFICITS DE PRÉCIPITATIONS ONT ÉTÉ BATTUS.
L’humidité globale de l’air de 2022 est la deuxième la plus faible enregistrée dans le monde, après 2021. Trente-six pays ont connu un niveau d’humidité de l’air anormalement bas, dont treize en Europe.
L’ÉVOLUTION DE L’HUMIDITÉ DE L’AIR ENREGISTRÉE AU-DESSUS DES TERRES.
Vingt-sept pays ont connu en 2022 une température anormalement élevée, dont 12 en Europe (y compris la France). La plus grande anomalie chaude du monde a été relevée à Monaco, avec une température de +1,8 °C comparativement aux normales.
« Le triple La Niña » serait-il lié à un cycle de l’eau perturbé ?
La durée remarquable du phénomène climatique La Niña, qui se caractérise par une eau plus froide que la moyenne dans une zone précise de l’est du Pacifique, interroge les chercheurs australiens : ceux-ci se demandent si ces trois années consécutives La Niña (qui ne dure en général qu’un ou deux ans) est une simple occurrence naturelle, ou bien la preuve d’un dérèglement du cycle de l’eau qui serait amené à se répéter.
Certaines études scientifiques émettent en effet l’hypothèse que le réchauffement climatique pourrait renforcer les deux phénomènes El Niño et La Niña, mais il ne s’agissait jusqu’à maintenant que de postulats sans preuve statistique. Si la durée de ces deux phénomènes, qui se produisent en alternance, était à nouveau amenée à être aussi longue ces prochaines années, alors l’impact du réchauffement sur El Niño et La Niña ne serait plus seulement une hypothèse.
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