Après avoir relégué les chaînes du petit écran au rang d’antiquité, YouTube finit par copier leur modèle. Avec sa stratégie, qui consiste à confier à ses utilisateurs le soin d’en divertir d’autres, la plateforme s’est rapidement imposée comme un incontournable du web. Le développement d’activités secondaires, YouTube Music pour ne citer qu’elle, lui a permis de tenir face à l’arrivée des offres SVOD comme Netflix et consorts.
En octobre dernier, la filiale d’Alphabet devenait d’ailleurs la plateforme de streaming la plus utilisée à travers le monde. Elle représente désormais 36,9 % de part de marché de la vidéo selon le cabinet Nielsen.
Mais l’entreprise n’entend pas se reposer sur ses lauriers, et continue d’explorer des pistes pour distancer ses concurrents. À l’heure où les GAFAM se disputent l’attention des consommateurs, YouTube planche sur une nouvelle formule qui s’inspire de la télévision. Selon le Wall Street Journal, YouTube ambitionne de proposer une vaste librairie de séries et de productions à ses utilisateurs, sans surcoût. Un peu à la manière de Pluto TV, l’offre reposerait sur deux modèles de diffusion : la vidéo à la demande et le linéaire.
Les utilisateurs pourront ainsi regarder des épisodes comme ils le feraient à la télévision, à une heure précise, ou les rattraper plus tard via ce qui pourrait ainsi s’apparenter à du replay. C’est tout à fait le modèle de Pluto TV ou Roku, qui comptent sur la publicité pour entièrement financer leurs activités. Alors que les plateformes plus traditionnelles commencent à diversifier leurs sources de revenus grâce à la publicité, ce qui leur permet de proposer des abonnements low cost, YouTube ne veut pas que ses utilisateurs mettent la main à la poche. Une porte-parole de l’entreprise explique :
“Nous recherchons toujours de nouvelles manières de proposer à nos spectateurs une destination centrale pour tous leurs divertissements. Un endroit où ils peuvent regarder et partager les contenus avec les gens qui comptent le plus pour eux.”
Des partenariats ?
Netflix est en perte de vitesse et le piratage fait un retour en fanfare. Depuis plusieurs mois, l’éclatement de l’offre SVOD est pointé du doigt par de nombreux analystes. Tous les studios veulent développer leur propre plateforme de streaming, au risque de favoriser l’offre illégale. Pour YouTube, centraliser tous ces points d’intérêt est donc une occasion en or de s’inscrire comme la destination favorite de bon nombre d’amateurs de productions du petit écran. Encore faut-il nouer les bons partenariats.
Difficile de savoir pour l’instant sur quels catalogues YouTube entend s’appuyer. On sait en revanche qu’elle a déjà fait appel à Warner Bros, Disney, Paramount Pictures et même Lionsgate pour ajouter des films iconiques à sa librairie VOD. En France, la plateforme propose par exemple de louer ou d’acheter certains de ses métrages.
Elle avait déjà acté ce changement de stratégie en proposant plusieurs séries et films gratuitement en échange de quelques pages de réclame. Les utilisateurs américains avaient ainsi pu découvrir La Revanche d’une blonde gratuitement. En France, aucune campagne du genre n’a encore été enclenchée. YouTube voudra sans doute se pencher d’abord sur les résultats aux États-Unis avant de l’exporter en dehors de ses frontières. Dans tous les cas, YouTube part à la conquête d’un nouveau marché.
The Wall Street Journal